Histoire du groupe Manouchian, ces résistants parisiens baptisés "l'armée du crime" par les autorités françaises de Vichy. L'immigré arménien Missak Manouchian, poète et non-violent, aura la charge de fédérer et coordonner des combattants et résistants de toute nature, juifs et communistes (parmi lesquels Henri Krasucki), exilés et anciens de la guerre d'Espagne. Nécessairement, Robert Guédiguian n'ignore pas certaines actions d'éclat ou attentats perpétrés par le réseau Manouchian; il est clair cependant que ce qui intéresse le plus le cinéaste, dans ce film qui apparait comme un hommage au courage et à l'esprit de résistance, c'est l'humain, à travers les aspirations et les convictions de quelques uns. C'est pour cette raison sans doute, qu'alternant scènes intimistes et faits d'arme, Guédiguian peine à donner de l'intensité dramatique à son récit malgré le contexte historique.
"L'armée du crime" a des vertus et une vocation didactiques; ainsi sont invoqués le rôle prégnant de la police française dans la répression ou la question des représailles sanctionnant les attentats; mais la mise en scène, en dépit d'une estimable reconstitution d'époque, semble trop lisse, loin de l'émotion et de la sensation que produit la référence en matière de chronique de la Résistance :"L'Armée des ombres" de Melville.