Lors du déménagement de ses meubles, une vieille femme meurt. Les déménageurs, irresponsables, trouillards, décident de la planquer dans l'armoire et de prévenir la famille une fois le mobilier amené à bon port. Malheureusement, des gredins volent l'armoire ; le neveu décide alors de retrouver l'armoire contenant sa tante afin de lui offrir des obsèques dignes de ce nom.
Une comédie loufoque, comme le laisse présager le pitch. Pour le ton, on se rapproche par moment du film noir de façon parodique. D'ailleurs toute la grammaire visuelle est envisagée selon ce genre: ombres et lumières s'affrontent pour offrir des cadrages époustouflants et des contrastes dignes des plus grands films noirs. Visuellement le film est donc irréprochable. Sur l'interprétation, on peut se régaler. Fernandel dissumule au mieux son célèbre accent et démontre qu'avant d'être cette voix, il est un corps, un corps qui se meut au rythme de la comédie. Fernandel n'est pas un génie, mais il sait jouer la comédie mieux que beaucoup d'autres.
Le problème du film c'est son pitch, à la fois génial et pourtant traître. Disons que les scénaristes auraient gagné à développer leur sujet. Si l'histopire amuse tout au long, il faut avouer qu'on n'est pas loin de l'ennui tant le processus ne fait que se répéter au travers des différentes scènes (Fernandel cherche une armoire, la trouve, l'ouvre, elle est vide ; il reprend ses recherches, en trouve une autre, l'ouvre, etc.). Il est aussi regrettable que le scénariste n'ait pas su jongler davantage avec les quiproquos ici à peine effleurés. En gros, ça manque de scènes fortes, ça reste trop gentil, même si, en fait le sujet est d'or, l'idée brillante, et la noirceur du récit étonnante.
Bref, ça aurait pu être un petit bijou : visuellement le film est très beau. Hélas, le scénario reste trop simple, et les auteurs restent trop superficiels dans le traitement de leurs idées. Quel dommage!