Cette comédie faussement légère se moque de notre société particulièrement encline à répondre à la violence par la violence et de l'attrait grandissant des sports de combats pour en révèler ses limites.
Mise en scène minimaliste, dialogues absurdes, situations parfois cocasses, changements de ton, humour noir et situations radicales sont le lot de ce drame décalé, mais finalement bien prévisible. On a bien du mal à croire aux changements de comportements et aux situations qui en découlent, même si le parti pris de la violence gratuite est bien senti, les situations poussives en amoindrissent la portée et il est bien difficile de saisir les affres mentales de tout ce petit monde. Reste que dans l'univers cinématographique, cet OFNI est bienvenu et démontre que certains acteurs n'hésitent pas à prendre des risques pour des films qui ont peu de chance de sortir en salles. Pastiche des films de genre pour grand public, personnages en marge et hors contrôle, The art of self defense reprend la trame éculée du parcours initiatique et nous interroge sur la notion de libre arbitre mais sans offrir de vrais moments comiques, ou définitivement trash, forçant le trait par un Jesse Eseinberg aux jeux qu'on lui connaît.
Casey, comptable timide, ignoré de ses collègues, vit dans un appartement à son image, terne et sans vie, et c'est en toute logique qu'il se dirige vers le karaté pour dépasser le traumatisme d'une agression et se retrouvera dans un monde parallèle à la limite du surréalisme. Organisant sa vie en fonction de sa nouvelle occupation, il trouvera dans son activité les liens sociaux qui lui manquent, tout en se doutant bien qu'il y a quelque chose de pas très clair dans les nouveaux cours du soir clandestins auxquels on l'initie bien rapidement.
Alessandro Nivola assure quant à lui dans le rôle du gourou d'une secte où chacun est suspendu à ses lèvres, et nous livre par son comportement tout autant paternel qu'inquiétant, la parfaite panoplie du psychopathe, appuyant la manipulation et notre propension à nous laisser guider comme remède à notre incapacité à nous affirmer.


C'est toute la question de la gestion de nos pulsions que Riley Stearns évoque. Entre combats de coqs pour l'accession à la ceinture noire ultime, crises de jalousie, stagnation à la ceinture jaune pour le jeune Padawan Casey, éducation sportive des plus jeunes à la technique d'étranglement et autres coup de pieds assassins, les enfants sont mis à contribution pour être nos futurs dignes représentants, cela va de soi. Avec les réactions épidermiques de la seule femme (Imogen Poots) dans ce trop plein de testostérone, le réalisateur opte pour une réflexion à forte valeur féministe, appuyant sur les rituels d'une masculinité exacerbée et potentiellement toxique et où le discours d'émancipation du Sensei, maître en son dojo, trouve finalement ses limites dans sa profonde misogynie, car ne l'oublions pas, quoiqu'elles fassent...les femmes n'arrivent pas à être des hommes...voilà qui est dit.


Et pour ne pas définitivement rester sur une mauvaise impression, choisissez la VO.

limma
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le 8 nov. 2019

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