Samy,jeune chômeur de la Cité des 4000 à La Courneuve,est très épris de la jolie Nadia,mais la fille est réticente car elle le considère comme peu fiable.Il lui dit alors qu'il ferait n'importe quoi pour elle et qu'il va le lui prouver en escaladant l'Everest.Prenant cela comme une énième forfanterie du gars,elle n'y croit absolument pas mais ce con va vraiment le faire!Pour sa première réalisation,Ludovic Bernard adapte "Un tocard sur le toit du Monde",livre de Nadir Dendoune qui y relate sa véritable histoire,l'auteur cosignant d'ailleurs le scénario du film.Ce feel good movie est habilement construit et alterne les aventures montagnardes de Samy et les réactions que cela provoque chez ses proches restés en France,puis sur un public de plus en plus large à mesure que l'engouement pour son expédition augmente.Les scènes sont bien calibrées et offrent une description détaillée des conditions de cet exploit et de la façon dont il est perçu par la famille,les amis et les autres.On réalise ainsi qu'il ne suffit pas de décider ce genre de choses pour les accomplir et que le parcours du combattant commence dès les préparatifs en région parisienne.Samy n'a pas un rond et doit impérativement dégoter des sponsors afin de financer le voyage au Népal,l'achat du matériel,le logement,la nourriture et l'ascension en elle-même avec guides et sherpas à payer.Quant à l'aspect sportif,il s'agit d'une entreprise tout bonnement inhumaine,d'autant que le mec n'a jamais fait d'alpinisme et n'est aucunement entraîné.Au début,il est le boulet du groupe,celui qui traîne derrière en râlant et a l'air d'un touriste,et pourtant il sera le seul à atteindre le sommet.C'est du reste proprement incroyable quand on sait que des milliers d'alpinistes chevronnés ont échoué à atteindre cet objectif.Les conditions sont dantesques avec des journées de marche à travers l'Himalaya,des montées incessantes dans une neige où l'on s'enfonce,des températures genre -40 et surtout l'oxygène qui se raréfie en altitude,au point qu'il faut finir avec des bonbonnes.Il faut supposer que le garçon avait des prédispositions athlétiques dont il ignorait lui-même l'existence car la volonté,aussi farouche soit-elle,ne peut suffire en pareil cas.Quoi qu'il en soit,le héros exécute un parcours quasiment mystique qui va au-delà de la valorisation personnelle par l'exploit,de la gonzesse à épater ou du désir de prouver que les banlieusards valent mieux que leur image désastreuse,il suscite une osmose entre la Nature indomptable et l'humanité de ceux qui l'accompagnent,au Népal ou en France.Il y a la solidarité qui s'installe dans le groupe avec les sherpas,le guide et les autres candidats au sommet.L'Everest est une véritable industrie dans ce pays où les habitants sont à la fois pauvres et accueillants,dévoués à ces occidentaux qui les font vivre en venant risquer leur peau alors qu'ils ont tout pour être heureux chez eux.Les sherpas sont des athlètes de haut niveau qui transportent à travers la montagne,de jour comme de nuit,les vivres et le matériel nécessaires aux expéditions."Ce sont eux les véritables héros" dira Samy,dont la relation avec son sherpa attitré,Johnny,se transformera en amitié.Il y a aussi Jeff,le guide impassible et patibulaire,le montagnard aguerri et taiseux mais au fond super sympa,qui prendra soin de cet amateur et l'emmènera au bout de sa quête.Et puis il y a tous ceux qui sont au pays et suivent assidument la progression de leur champion vers la cime.Il y a sa mère qui est inquiète,son père qui est fier,Nadia qui est partagée entre la culpabilité d'avoir contribué à l'envoyer dans cette galère et la satisfaction de recevoir cette preuve d'amour.Il y a les potes de la téci,les rares sponsors à l'avoir aidé et bientôt les médias attirés par le buzz.Tout cela occasionne un grand moment d'enthousiasme et de communion qui aura au moins pris corps un instant.Ahmed Sylla,avec sa bonne bouille et son air naïf,était un excellent choix pour incarner ce personnage positif capable de se dépasser.Nadia a les traits d'Alice Belaïdi,toujours aussi craquante et lumineuse.Nicolas Wanczycki a vraiment l'allure d'un guide haute montagne,ce qui n'a rien de facile,et on se demande si le formidable Umesh Tamang n'est pas un vrai sherpa.Les humoristes Kevin Razy et Waly Dia sont hyper toniques en animateurs radio qui font monter la sauce,tandis qu'apparaissent dans des petits rôles les très bons Moussa Maaskri,Romane Portail ou Jean Dell.