Un groupe de proches bourgeois se retrouvent dans un vieux théâtre, appartenant au patriarche. Mais alors que les portes se referment, les cadavres commencent à s'accumuler. L'assassin serait donc parmi nos 9 protagonistes ?
Vous l'aurez compris, "L'assassino ha riservato nove poltrone" est un giallo qui louche vers le polar huis-clos britannique, façon Agatha Christie. Sauf qu'il n'en fait pas grand chose.
Le problème principal du film est que l'histoire ne tient pas vraiment debout. Certes, les gialli ont tendance à afficher une intrigue diffuse, histoire de meubler entre deux meurtres. Mais ici, même pour le genre, c'est très bancal, et surtout longuet.
En cause, les personnages. Qui sont, il faut le dire, sacrément bêtes. L'assassin est parmi nous, les morts s'empilent ? Mais pardi, séparons-nous sans cesse, allons fouiller tout seul les recoins sombres, faisons une blague avec le costume du tueur, et surtout batifolons à la moindre occasion ! Et oui, les scénariste trouvent le moyen de dénuder pratiquement toute la distribution féminine, là où nos messieurs restent toujours très habillés (!).
On se moque souvent des teen slashers américains des 80's, où des étudiants passent leur temps à s'adonner au combo sexe/drogue/alcool (rayer la mention inutile) alors qu'un tueur rode. Rassurez-vous, les bourgeois italiens des 70's, ce n'était visiblement pas mieux ! Enfin peu étonnant quand on sait que le giallo a fortement inspiré le slasher US.
Pourtant il y a de très bonnes idées à côté. Une injection bienvenue de fantastique, avec ce personnage de concierge mystérieux et des apparitions étranges. Et bien évidemment ce théâtre, très cinégénique. Il s'agit en fait de l'authentique théâtre Gentile de la ville de Fabriano, très bien exploité par Giuseppe Bennati. Qui fait à l'occasion tournoyer sa caméra entre les personnages, et insiste régulièrement sur l'immensité écrasante du lieu pour poser son atmosphère.
Le truc c'est que tout ceci se traîne à cause du scénario. Jusqu'à un final qui affiche un coup de théâtre (!) capillotracté, comme le veut habituellement le giallo. Mais là, le film tente maladroitement de résoudre plusieurs sous-intrigues simultanément (malédiction, assassinat...), et au lieu de la fin dantesque que l'on aurait pu espérer, on obtient un pétard mouillé.
Un petit mot sur les tueries tout de même. La plupart sont relativement anecdotiques, à part une, assez sauvage.
Une lesbienne tuée à coups de couteau dans le sexe, puis littéralement clouée au pilori !