Malgré certains défauts, notamment au niveau de la vraisemblance du comportement de certains personnages, ce film est une petite réussite et surtout une curiosité. Comme l'explique Francis Barbier dans un bonus absolument remarquable de l’édition du Chat qui fume, c'est d'abord un film hybride qui mélange le giallo avec ses passages obligés (tueur ganté et masqué, meurtres à l'arme blanche assez violents, jeunes femmes souvent dénudées, riches bourgeois qui, sous des apparences respectables, sont fondamentalement immoraux et pervertis...) et le film gothique (le théâtre remplaçant ici le traditionnel château, la présence d'un élément clairement fantastique et surnaturel, une ancienne malédiction qui se répète chaque siècle…). Mais c'est surtout un film dont le réalisateur concédant, souvent malgré lui comme le montre les interviews du scénariste et de l'acteur Howard Ross, aux nécessités commerciales du film d'exploitation, cherche à élever le niveau du film en multipliant les références culturelles. Le film renvoie d'abord, de manière évidente, à Shakespeare, non seulement parce qu'il est clairement cité, mais aussi par le fait des relations familiales minées par les pires passions. Mais il est manifestement aussi influencé par Le fantôme de l'opéra de Gaston Leroux et L'ange exterminateur de Luis Bunuel, ainsi que par Agatha Christie (Les dix petits nègres). De plus, la mise en scène est très soignée, elle respecte pratiquement l'unité de temps et de lieu chère au théâtre classique tout en se déroulant elle-même dans le splendide théâtre de la ville de Fabriano. On peut d'ailleurs considérer que le théâtre est le personnage principal du film. La richesse des références transforme presque ce petit film d'exploitation en film d'auteur !