A consommer avec un grand verre de lait

Il ne faut certes pas s'attendre à un polar énervé ni à un thriller trépidant, mais plutôt à une enquête tranquille et un brin désabusée, ancrée dans l'ambiance décontractée de la Californie des années 60.
Dès lors, on pourra passer un moment fort agréable en compagnie de David Janssen, le fameux héros du feuilleton télévisé "Le fugitif", qui se retrouve à nouveau dans la peau de l'accusé à tort qui doit prouver lui-même son innocence.

Après une séquence d'introduction qui nous plonge directement dans le feu de l'action, puis un petit quart d'heure en mode "film de procès", on suit donc ce flic angelino visiblement tourmenté, en instance de divorce, dans sa quête de rédemption auprès d'une galerie de personnages pittoresques, où la veine ironique du réalisateur Buzz Kulik se manifeste clairement, entre la vieille fille dérangée qui traite son chien comme un être humain, le chroniqueur TV cynique et hypocrite, le couturier efféminé ou encore le séducteur compulsif qui prend grand soin de son propre corps.

Tout un pan de la société américaine des sixties se trouve ainsi égratigné, et si le trait est épais, on ne peut nier que Kulik vise particulièrement juste dans sa critique.
A noter que "The warning shot" n'est que le premier long-métrage de cinéma d'un réalisateur qui consacrera l'essentiel de sa carrière à la télévision.

D'ailleurs on s'amusera de repérer, au sein d'une distribution hétéroclite qui comprend également quelques vieilles gloires (Lillian Gish, Ed Begley, George Sanders…), la présence de deux jeunes comédiennes, futures vedettes du petit écran : Joan Collins ("Dynastie"), belle et désirable, et Stefanie Powers ("L'amour du risque"), beaucoup plus quelconque.

Egalement connu sous le titre VF "L'assassin est-il coupable?", "La nuit des assassins" est donc une sympathique série B au rythme nonchalant et à l'esthétique télévisuelle, qui parvient toutefois à séduire grâce à sa tonalité assez sombre et cynique, à son atmosphère très ancrée dans les sixties et à son petit twist final agréablement inattendu.