Avec l'aide d'une journaliste opiniâtre, un policier enquête sur la mort de plusieurs personnes, toutes assassinées les jours de pluie avec une lettre du tueur se faisant appeler le Juge.
La première partie de la carrière de Richard Fleischer se déroulait à la RKO où en moins de dix ans et une production parfois soutenue (jusqu'à 4 films dans la seule année 1949 !), il était ce qu'on appelle un très bon artisan, avec une spécialité dans les films criminels. Je citerais dans cette période Armored car robbery et le formidable Enigme du Chicago Express. Le point commun entre tous ces films était leur brièveté, et il faut dire que l'assassin sans visage fait très fort ; il dure une heure montre en main. Ce qui en remontrerait à bien des réalisateurs (et monteurs ?) actuels qui ont du mal à comprendre que brièveté peut parfois rimer avec efficacité.
Il y plusieurs idées que je trouve assez fortes, aussi bien l'emploi d'un mannequin au lieu d'un portrait-robot pour suggérer le tueur, avec un visage aussi anonyme que l'assassin dont on ne connaitre jamais le nom, la présence de la pluie comme coda du crime, mais aussi et surtout l'emploi de la journaliste jouée par Dorothy Patrick. A travers quelques sous-entendus, on comprend qu'elle a ses connexions pour se renseigner sur ces crimes, au point qu'elle semble parfois avoir des coudées d'avance sur le flic, ce qui a le ton de l'agacer, mais finira par faire équipe avec elle.
En tout cas, L'assassin sans visage tient parfaitement, et prouve qu'avec ce sixième film, Richard Fleischer pose déjà les bases d'une bonne partie de son oeuvre, notamment en s'interrogeant sur la psyché de son assassin. De quoi rappeler plus tard L'étrangleur de Rillington Place ?