Il serait injuste de cantonner L'Assassinat... à un soubresaut du western que notre époque connaît rarement (Appaloosa, True Grit...) puisque le film vient bien plus loin. Oui, c'est un western mais il n'est pas filmé tel quel, ni vécu tel quel. Au-delà du lyrisme évident des images bouleversante et enivrante, Dominik dresse le portrait de la toute première "rock star" de notre histoire. Jesse James est filmé dans toute sa laideur et pourtant garde ce caractère fascinant (magnifique Brad Pitt), son charisme se confronte à son manque d'humanité pour créer cet hybride transcendant. Face à lui, Casey Affleck compose de manière remarquable cet homme mal assuré, perfide et déconnecté de la réalité. Le face à face n'en est que plus époustouflant. Flanquées d'une bande d'excellents acteurs, les deux figures se jaugent sans cesse dans un défilé de réminiscences, de violence et d'émotions. La beauté du film est donc partout, et particulièrement là où l'inhumanité prévaut. La paranoïa de James et celle de Ford insuffle à l'univers du film une dimension tétanisante, dans lequel résonne le compte-à-rebours des dernières de Jesse James. L'Assassinat... est certainement une des oeuvres les plus importantes et les plus aboutis de la décennie.