Robert Ford a tué Jesse James, ou l'inverse ?
Un film contemplatif [Edit : je viens de me rendre compte que le terme a été utilisé à profusion dans les critiques existantes, toutes mes excuses mais j'assume avoir écrit la mienne sans en avoir lu d'autres, et c'est indéniablement le mot juste pour décrire l'ambiance...], qui prend le temps de raconter son histoire.
Je sais, souvent c'est une périphrase pour "chiant".
Ici non, en tout cas ça ne m'a pas rebuté.
Alors bien sûr comme pour Jeanne d'Arc ou Titanic, on connaît à peu près la fin : dans ce cas précis, elle se trouve même dans le titre.
Mais tout le cheminement est intéressant à suivre, et la narration est tellement atypique qu'on en oublie presque qu'on est dans un western.
Sauf que non.
Quand je dis "le film raconte son histoire" c'est au sens propre : une voix off ponctue régulièrement les très belles scènes.
N'étant habituellement pas fan de ce procédé, je trouve qu'il colle bien à l'ambiance et à l'histoire en l'occurence.
Je ne connais pas le degré de réalisme, mais on a par moments presque l'impression d'un aspect documentaire, ou au minimum bien documenté :)
Nul doute que le réalisateur (j'avoue ne pas le connaître) maîtrise et aime son sujet.
Gros bémol : Brad Pitt, que j'apprécie, livre ici une prestation en demi-teinte.
La description minutieuse de Jesse James faite en début de film ouvrait tout un monde.
Cela restera malheureusement bien timide, je n'ai même pas aperçu un seul clignement d'oeil suspect alors que c'était supposément une caractéristique essentielle de Jessie.
Le contrepoint est que les seconds rôles brillent (est-ce par contraste avec le rôle titre ?) et pour une fois on retrouve bien sûr les gros durs sans cervelle, mais aussi une frange un peu plus "normale" de la population, avec les faibles, les lâches, les veules, les charmeurs.
Seul petit regret : ça manque cruellement de rôles féminins !
Visuellement c'est très plaisant, les jeux d'ombre et de lumière habillent à merveille ce petit théâtre où se déroule un drame écrit à l'avance.
Théâtre que l'on retrouvera littéralement en fin de film, pour une fermeture inhabituelle, là encore.
La musique, pour être un peu répétitive, n'en reste pas moins discrète et agréable.
Un aspect qui m'a particulièrement frappé : la dureté du monde est montrée de manière indirecte. Ce n'est pas tant la violence et la cruauté qui sont mises en avant, mais la réaction (ou absence de, plus exactement) des témoins de ces scènes.
Bien sûr certains crient, pleurent, mais pour beaucoup la baston et la mort ne sont que des composantes de la vie quotidienne.
Je ne porte aucun jugement sur la vérité historique qui se cache là-derrière, mais ce qui est sûr c'est que j'ai trouvé ce choix bien plus dérangeant que celui de hordes d'hystériques hurlant dès le moindre coup de poing.
On est clairement mal à l'aise, sans savoir exactement mettre le doigt sur le problème dans un premier temps.
Après True Grit, ça fait donc deux bons westerns en peu de temps, je vais ptet m'atteler à Trois Enterrements ou truc du genre rapidement, histoire de ne pas perdre le fil.
Ah, Casey Affleck il roxxe du poney.
C'est tout.