Il ne faut pas se fier au titre annonciateur du dénouement. Andrew Dominik, avec L'ASSASSINAT…, ne recherche qu'à dépeindre deux figures de l'Ouest en train de péricliter : l'un dans son propre mythe, l'autre dans son admiration.
Durant deux heures et demi, nous sommes transportés dans ce Midwest étasuniens de la fin du XIXème où Jesse James, hors-la-loi, met fin à ses exactions après que l'ensemble du pays l'ait érigé en icône. Le jeune Robert Ford est d'ailleurs l'un de ses admirateurs lorsqu'il intègre la bande de James pour leur dernier braquage. Va alors se nouer une relation particulière entre les deux hommes. James demandera d'ailleurs à Ford s'il veut être comme lui ou être lui. Le travail d'orfèvre, mais jamais ostentatoire, de Deakins à la photographie vient magnifier les errements intérieurs de James et Ford, deux personnes opposées quoiqu'identiques dans leurs tragédies d'être incompris. Dominik filme ces êtres d'une profonde ambiguïté, reflets grossis de l'Homme et analogie d'une nation. A ce titre, Pitt, par l'aura et la vulnérabilité qu'il dégage, et Affleck, dans sa propension à intérioriser, sont parfaits. Cette passionnante étude de caractère se voit lier par une partition (sûrement la plus belle du monde) de Cave et Ellis, véritable flux de mélancolie ravageur venant extérioriser les pensées intimes des protagonistes. Le long-métrage atteint son paroxysme dans sa dernière demi-heure entamée par un moment de tension puissant et s'étire jusqu'à ce terrible final, écho d'une regrettable trahison.
Parsemés de séquences d'une profondeur inouïe, on ne peut que saluer cette merveille qu'est L'ASSASSINAT… Une œuvre contemplative et jusqu'au-boutiste sur la condition humaine.