Dans un village de Savoie, la veille de Noël, tout le monde est en émoi : le baron (Raymond Bouleau) vient de revenir après 10 ans d’absence passés autour du monde ! Mais il a chargé le pharmacien (Jean Brochard) d’annoncer une triste nouvelle : il est revenu avec la lèpre, et en conséquence, s’est isolé dans son château, ne voulant voir personne. Cela ne l’empêche pas de s’éprendre de la belle Catherine (Renée Faure), qui a bravé l’interdit pour aller rendre visite au comte, ce qui n’est pas au goût de l’instituteur (Robert Le Vigan), qui regarde Catherine depuis longtemps. Comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’à la messe de minuit, l’anneau de Saint Nicolas, trésor du village, disparaît, après que le curé (Georges Mauloy) s’est fait agresser durant la journée dans son église même. Que manque-t-il pour achever de faire de ce Noël un jour vraiment exceptionnel ? Un meurtre ? Ne vous inquiétez pas, c’est au programme…
Film policier, film romantique, drame, comédie, conte… On pourrait faire entrer le film de Christian-Jaque dans tous les registres, ce qui annonce souvent un grand film. Comme l’illustre le résumé ci-dessus, cette adaptation d’un roman de Pierre Véry témoigne d’une densité narrative exceptionnelle, nous plongeant dans une délicieuse ambiance de village comme on n'en trouve plus aujourd'hui.
Si le scénario en profite pour faire passer l’intrigue policière au second plan, il nous offre en tous cas une galerie de personnages parfaitement écrits, si attachants qu’on a envie qu’aucun d’entre eux ne soit le coupable. Aidé en cela par un excellent casting, c’est donc avant tout pour ses personnages qu’il faut voir L’Assassinat du Père Noël. L’intrigue prend donc son temps pour développer ces derniers (ne fiez pas au titre du film, on dirait qu'il a été trouvé par un stagiaire d'Allociné), mais c’est ce qui lui permet de distiller une étonnante poésie dans ses situations, frôlant parfois le surréalisme sans jamais renoncer au pragmatisme d’usage dans les films policiers. Pour cela, le cadre est parfaitement choisi, la mise en scène exceptionnelle de Christian-Jaque sachant particulièrement mettre en valeur ce petit village perdu au fin fond de la montagne autant que ces grands paysages enneigés dans lesquels il trouve son écrin.
Quoique le spectateur cartésien pourra regretter que certaines intrigues peinent à s’intégrer au récit global (la mère Michel qui n’apporte rien au récit en lui-même), le film de Christian-Jaque parvient à nous faire rire, rêver, pleurer et frissonner tout en même temps, illustrant à merveille, quoique de manière inattendue, le véritable esprit de Noël. Et la seule envie que l’on ressent lorsqu’on sort de cette pépite pleine d’onirisme et d’émotion, c’est de revenir dans ce petit village de Savoie dès l’année prochaine !