C'est un conte de Noël désenchanté dont les protagonistes, emprisonnées sous les neiges ses Alpes et comme coupés du monde, illustrent une vision noire et pessimiste de l'humanité.
En ce jour de Noël, l'innocence des enfants du village et les rêves romanesques d'une jeune fille sont soumis, comme si le Père Noël n'existait pas, à l'hypocrisie et à la jalousie, à la brutalité et à la lâcheté de leurs ainés. Le drame criminel qui survient au cours de de récit, rendu encore plus étrange par le caractère nocture et glacial du village, exacerbe une atmosphère de peur et de suspicion.
L'intrigue au coeur d'une communauté de villageois médiocres n'est pas sans rappeler, bien qu'elle la devance, l'oeuvre de Clouzot. Le film surprend néanmoins par la diversité de ses expressions; outre l'aspect policier, il louvoie entre la comédie (cette mémorable et arrosée tournée du Père Noël)
et le genre fantastique
(avec le personnage du baron misanthrope et lépreux),
semble gagné par des instants de pure poésie ou véhicule un fort symbolisme. Plus que la mise en scène de Christian-Jaque, le roman de Pierre Véry conditionne de façon originale et éclectique cette belle et inquiétante histoire sans héros ni, d'ailleurs, personnages réellement prépondérants. L'ensemble de la distribution est remarquable et propose un large panorama des grands premiers et seconds rôles de l'époque.
Le film est un des fleurons du cinéma français sous l'Occupation.