Moyennement convaincu par cette comédie dont les griefs reposent surtout sur la figure (sens propre comme figurée) de Harry Langdon, artiste qui me laisse pour le moins perplexe.
Ici, il abuse lourdement de son air de pompon ahuri qui ne semble pas comprendre ce qui se passe autour de lui. Car ces moments d'hébétudes sont longs, terriblement longs et finissent par totalement casser le rythme du film d'autant que ses mimiques répétitives lassent tout autant rapidement.
Non seulement l'étirement des séquences n'apportent rien mais en plus elle desservent plusieurs gags ou comiques de situation qui sont pourtant bien là sur le papier. Capra et son comédien oublient que le principale dans une comédie (et à fortiori dans un burlesque) est le timing et le tempo. La redondance des actions-réactions des interlocuteurs face à Langdon (ou l'inverse) finit par tomber dans une routine bien plate. Par exemple la longue scène dans le bus où Langdon se tartine de fromage par mégarde pourrait être drôle mais la mise en place est tellement laborieuse qu'on est un peu gêné de voir le temps se figer aussi longtemps. Et je suis pas sûr que cette gêne était le ressort humoristique voulu.
Pourtant la réalisation de Capra a ses bons moments entre une criminelle qui cherche à tout prix à se faire porter dans sa chambre, la guerre de tranchée au début du film (avec l'oignon remplaçant le gaz moutarde ) ou le final où Langdon doit faire face à une foule hargneuse (et qui possède quelques placements de caméra audacieux).
C'est peut-être dans le registre romantique que The strong man surprend le plus positivement avec la rencontre entre le héros et sa correspondante aveugle (ce que Langdon ignore) et qui possède un formidable découpage dont Chaplin s'est forcément rappelé pour Les lumières de la ville.