Un samedi matin, Sandra reçoit la visite de ses voisins Alex et Cécile. Sans solution, ils lui confient Elliott, le temps d’aller à l’hôpital pour accoucher. Le soir, tard, Alex sonne à la porte. Il est seul, dévasté.
« Maman est morte ? », demande le garçonnet lucide… « Déjà ? », ajoute-t-il contre toute attente. Un seul mot suffit pour désamorcer un tant soit peu le mélodrame ambiant. Malgré des situations quelque peu forcées et une musique insistante, le scénario avance avec pudeur. Les mois du nourrisson Lucille donnent le rythme, mais c’est sur ses personnages et dialogues bien écrits que le récit s’appuie. Principaux ou secondaires, tous parviennent à exister. Sandra aurait pu être la vieille fille acariâtre d’à côté qui au contact du bambin mignon se serait progressivement adoucie. La libraire féministe et célibataire s’est décidée à ne pas rentrer dans un moule prescrit. Mais est-ce véritablement un choix pour celle qui lit encore Blanche-Neige et son prince charmant ? Alex, le veuf, se retrouve seul à élever deux gamins dont l’aîné n’est pas le sien. Après La fracture, Valeria Bruni-Tedeschi et Pio Marmaï se rattachent. Le véritable père d’Elliott refait surface et tente de s’immiscer pacifiquement dans le trio endeuillé. Quant à la nouvelle femme, après un oui révélateur, les yeux pleins de larmes, elle donne ce qu’elle peut pour entrer dans le cocon et s’y faire accepter, quitte à se fondre dans le décor. De bonne volonté, les protagonistes tentent de créer du lien et d’épargner, dans leur souffrance, ceux qu’ils aiment. Comme dans Les enfants des autres de Rebecca Zlotowski, le plus difficile pour chacune et chacun est dans cette incapacité à trouver place dans le vécu d’une famille décomposée et de craindre au fond de n’être dans l’histoire que figurante ou figurant.
(6.5/10)
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