L'Aube Sauvage est une petite production américaine du milieu des années 80 réalisée par Simon Nuchtern. Savage Dawn est un film de bikers baignant dans une ambiance de western crépusculaire mais ce ne sont que deux des nombreux éléments qui composent cet étrange bolide hybride de série B dont le moteur fonctionne (plus ou moins) au mélange de multiples influences.
L'Aube Sauvage raconte donc l'histoire d'une petite ville paumée dans le désert et qui se retrouve assiégée par un gang de motards. C'est dans cette même ville qui Striker un vétéran de la guerre est venu retrouver son vieil ami Tick cloué dans un fauteuil roulant. Les deux hommes bien que plutôt marginaux se lanceront dans la bataille pour défendre cette ville .
L'aube Sauvage est une sympathique petite série B plutôt soigné dans son ambiance et les limites de sa mise en scène et qui propose une histoire qui à l'image d'un débutant sur une grosse cylindrée tient la route même si claudique un peu. En revanche niveau originalité il est évident que Simon Nuchtern et son scénariste Bill Milling ( Producteur /Réalisateur d'une floppée de films érotiques) bouffent sans vergogne à tous les râteliers pour proposer un film hybride qui a tout de même la bonne idée de digérer ses nombreuses influences pour les recracher dans un univers bis assez cohérent. Ne serait ce qu'à la lecture de son sujet on discerne déjà plusieurs évidentes références puisque les méchants motards aux looks baroque de post-apo sont très inspirés par Mad Max et que le héros vétéran du Vietnam taciturne et solitaire lorgne fatalement vers le Rambo de Ted Kotcheff sorti trois ans auparavant. Plus diffusent d'autres influences viennent se greffer comme le western avec ce village poussiéreux, son shérif, ses despérados et son cavalier solitaire ou les films d'actions bourrins à la Cannon puisque les motards reviendront assiéger la ville avec des véhicules de guerre dérobés à l'armée. Sur le papier ce bon gros gloubiboulga de concentré de bis pur jus ferait presque saliver mais le résultat n'est pas aussi savoureux que la promesse. Le problème majeur de L'aube Sauvage est que le film semble toujours un peu sur la réserve et freiner systématiquement des deux pieds dès l'instant qu'il devrait assumer sa violence graphique, du coup même si cette bande de motard tue, viole, pille et castagne, on a jamais à l'écran le moindre impact dramatique de leurs exactions. Le film finira même par prêter à sourire lorsque certains combats un peu poussif ressemblent à des rixes de cour de récréation, que deux femmes se crêpent le chignon avec pincement tournoyant de téton, que sont mis en place des pièges à l'efficacité douteuse ou qu'un vietnamien avec un lance flamme débarque dont ne sais ou à l'écran.
Par contre L'Aube Sauvage nous offre un formidable casting de tronches de cinéma avec pour commencer Lance Henriksen dans le rôle de Striker le cavalier vétéran solitaire à la chevelure blonde. Même si j'adore cet acteur et son charisme magnétique il faut bien reconnaître qu'il est bien plus crédible dans l'impassibilité que dans certaines scène d'action durant lesquels il se bat dans des chorégraphies approximatives en essayant tant bien que mal de soulever la jambe. On retrouve également ce bon vieux George Kennedy qui se lance dans la guerre avec un hybride de moto et de fauteuil roulant et un lance roquette bricolé à la maison. Cette bonne trogne de Richard Lynch est aussi de la partie dans le rôle du prêcheur et maire de la ville, un prêtre souvent défroqué qui tente de sauver les pêcheresse en s'attaquant charnellement aux corps du délit. Et du côté des méchants on trouve Karen Black qui passe du camp des gentils à celui des voyous et qui devient absolument déchainée et hystérique à l'idée de raser son ancien bled. On doit à la comédienne un jolie réplique alors qu'elle tente de convaincre le chef des motards de l'intégrer à sa bande, une véritable profession de foi qui dit " J'adore sucer et monter sur une Harley". Quant au chef des méchants il est interprété tout en cabotinage et grimace par le génial William Forsythe et il faut le voir entrer dans la ville assis sur un char d'assaut avec le canon triomphant entre les cuisses pour comprendre toute la puissante virilité du personnage. En plus de son joli casting le film s'offre une sacrée galerie de personnages que ce soit dans la ville avec un nain, un shérif bagarreur, un débile avec une poupée ou dans la bande motards hirsutes aux looks improbables.
L'Aube Sauvage est donc une chouette petite série B , il lui manque toutefois un petit truc pour vraiment dépasser son statut de simple divertissement bis. Agréable à suivre, souvent amusant dans ses maladresses il manque sûrement un minimum d'intensité et d'implication dramatique pour que le film franchisse un cap supplémentaire. En attendant si vous aimez la castagne, les westerns, Mad Max, les vétérans, les lance roquettes approximatifs, les héros taciturnes, les nains, les nichons, les méchants qui grimacent, les explosions et les trognes de cinéma, L'Aube Sauvage devrait vous faire passer un bon petit moment