Xavier,un jeune parisien,a devant lui une voie professionnelle toute tracée car un cadre du Ministère des Finances,ami de son père,est prêt à le pistonner pour lui procurer un poste dans cette noble administration fonctionnant grâce au racket fiscal.Cependant il doit au préalable finaliser son cursus en Economie.Il bénéficie alors du programme Erasmus,cette création mondialiste niaise et débile imaginée par des abrutis trouvant judicieux d'envoyer des gens étudier ailleurs que dans leurs propres pays comme si ça pouvait de quelque manière que ce soit valoriser leurs diplômes.Le truc fait surtout partie des gadgets imaginés par les cerveaux malades de Bruxelles pour justifier la douteuse utilité de ce machin qu'on appelle l'Union Européenne.Voici donc notre gars qui atterrit à Barcelone où,victime d'un plan d'hébergement foireux,il doit se rabattre sur une chambre dans une colocation où logent déjà cinq étudiants Erasmus,tous de nationalités européennes différentes.Cédric Klapisch signait en 2002 ce qui allait devenir un de ses plus grands succès et le premier épisode d'une trilogie récemment prolongée par la série télé "Salade grecque".Réalisateur et scénariste de ce film franco-espagnol,il en est en outre le coproducteur avec sa société "Ce qui me meut",ainsi baptisée en référence à sa première oeuvre,un court-métrage ainsi intitulé.Le début du film est assez acide,dévoilant les coulisses administratives peu reluisantes de la France du 21ème siècle.Favoritisme,mesquinerie,pusillanimité,atmosphère déprimante,complications bureaucratiques délirantes,la barque est chargée.La voix off du "héros" délivre ensuite quelques réflexions pertinentes lorsqu'il arrive dans la capitale catalane.Il constate qu'il est perdu dans cette ville qu'il ne connait absolument pas,tout en étant conscient que quelques mois plus tard il se la sera appropriée,que ce sera "sa" ville.Ensuite le récit va se focaliser sur l'évolution de ce mec qui,à l'instar de ses colocs,passe peu de temps à étudier.De toute façon les cours à la fac sont en Catalan,une langue à laquelle il ne comprend rien,ce qui ne l'empêchera nullement de décrocher son diplôme au final.On se balade à travers la ville,sans éviter l'horrible vision de la Sagrada Familia,cette ignoble verrue architecturale signée Gaudi,un malade mental assurément,on traîne dans les bars,on refait le Monde avec ses potes bobos internationaux,on fait des fiestas,on drague et on baise à tire-larigot,c'est sans doute ça le but d'Erasmus,former des connards à la chaîne.Le fait que les membres de la bande soient systématiquement de nationalités différentes est vraiment too much et en plus ne sert à rien,s'ils étaient tous compatriotes l'histoire serait la même,c'est juste là pour appuyer l'argument érasmique.L'important est le cheminement de Xavier,qui est un type con et désagréable au début,et qui le sera tout autant à la fin.Il apparait vite que ses études ne l'intéressent guère,ce qu'il veut c'est être écrivain.Il met donc à profit ses diverses expériences pour nourrir sa création littéraire.Bizarrement ce gars bien nul attire la sympathie générale et séduit toutes les filles,ce qui est une performance notable quand on a la gueule de rat de Romain Duris.Un médecin français l'accoste,l'héberge et lui fout dans les pattes sa somptueuse épouse,laquelle va naturellement lui tomber dans les bras pendant qu'à Paris sa petite amie très amoureuse se languit de lui.Il envoie chier violemment sa mère qui lui témoigne trop de sollicitude et devient le protégé d'un barman qui lui apprend l'Espagnol et l'initie aux joies de la fête à la barcelonaise.Ses camarades de fac l'adorent,ainsi que ses colocataires,en dépit du fait que le zig soit un enfoiré de première.Il méprise et cocufie son bienfaiteur,il largue sa maîtresse comme une merde,il trompe sa copine,il juge tout le monde depuis sa hauteur et il finira par trahir le type qui s'est mouillé pour le pistonner.Nonobstant,les aventures para-universitaires de ce triste sire et de ses amis sont dynamiquement narrées et font l'objet de vignettes drôles et cyniques qui rendent la vision de l'ensemble très agréable.Le brillant casting n'est pas pour rien dans cette réussite,à commencer par un Duris plus vrai que nature en bien-pensant hypocrite parfaitement dans l'air du temps.Parmi ses partenaires,certains feront carrière et d'autres beaucoup moins.Judith Godrèche en épouse coincée saisie par la débauche est égale à elle-même,soit fabuleusement belle mais jouant faux et arborant un air stupide.Audrey Tautou est également dans ses marques en compagne délaissée,à savoir moche et nulle.En revanche Cécile de France est très bien en lesbienne belge décomplexée,sa performance lui vaudra le César du meilleur espoir.La magique Kelly Reilly est impériale en Anglaise raisonnable et ordonnée.Les membres de la coloc sont tous incarnés par des acteurs de la nationalité de leurs personnages,bonne idée,et tous excellents bien qu'aucun n'ait effectué une carrière intéressante.Même dans la saga de Klapisch on ne les reverra que brièvement dans le second opus,"Les poupées russes".C'est le cas de l'Espagnole Cristina Brondo,de l'Italien Federico D'Anna,de l'Allemand Barnaby Metschurat et du Danois Christian Pagh.Dans ce deuxième film on reverra aussi l'incroyable Kevin Bishop,qui joue le frère neuneu de Wendy,et la jolie Irene Montalà,une des conquêtes de Xavier.De bons comparses complètent la distribution,comme Xavier de Guillebon en neurologue cocu,Wladimir Yordanoff en haut-fonctionnaire arrangeant,Martine Demaret en mère rejetée ou le chanteur et musicien Jacno,celui qui formait avec Elli Medeiros le duo Elli et Jacno,en père absent.Notes et critiques de films de Cédric Klapisch publiées précédemment:voir critique "Le péril jeune".Nouvelle moyenne:6.

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le 17 oct. 2024

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