Éreinté par la critique, conspué par le public, haï par mes connaissances, je ne savais que faire de cette Auberge rouge gisant un fond d’un bac à solde à moins d’un euro. Pour le prix, j’ai pensé que je risquais peu de choses, sinon de perdre 1h30 et d’être en capacité de fournir mes propres arguments pour cracher un peu plus sur cette immonde production. Et puis mince, c’était sot de ne pas oser franchir le pas à cause des autres, surtout quand un casting réunit Balasko, Clavier et Jugnot. On est certain de ne pas dégoter un chef d’œuvre avec eux, mais on peut avoir la chance de tomber, de temps à autres, sur un divertissement sympathique.
Quand on s’installe devant ce type de production, on ne s’attend pas à du Rohmer. La promesse est tenue, ce n’est effectivement pas du Rohmer. En revanche, je ne sais pas si la sévérité des critiques a influencé mon opinion, mais ce qui est certain, c’est que je n’ai pas trouvé matière à nourrir tant de haine. Formellement, le film est effectivement plutôt laid avec des effets spéciaux un peu limites et quelques approximations dans le décor. Cependant pas de quoi en faire une jaunisse. Pas de surprise côté interprétation, Clavier fait du Clavier, Balasko du Balasko et Jugnot du Jugnot. Et le scénario, qui est totalement calqué sur le film de Claude Autant-Lara, reste plutôt fidèle à l’original.
On y trouve quelques gags amusants, le rythme est bien mené et le ton macabre est plutôt juste. Bien entendu, on relève ici et là quelques fausses notes (François-Xavier Demaison est globalement insupportable ; non, un corps mort ne peut pas pisser le sang), mais pas de quoi gâcher l’ensemble de ce divertissement sans prétention. Bien sûr, on est à mille lieues de la réussite de l’original, de cette comédie noire et grinçante qui faisait mouche quasiment partout où elle portait son viseur. Bien sûr, ce remake ne s’imposait peut-être pas mais tout n’est pas à jeter non plus. Pour moins d’un euro, j’estime en avoir eu pour mon argent.