Le "Château", c'est lui, le Vatican : un vaste palais, où toutes les entrées sont bien gardées par des gardes suisses qui ressemblent aux bouffons du roi. Mais leur ridicule fait à peine sourire, tant la situation est grotesque : Amedeo (Enzo Jannacci) veut parler au Pape, mais c'est proprement impossible. "Tu es qui pour vouloir parler au Pape ? Un prix Nobel, un Président ?" - "Non, je ne suis personne". Alors il lui faudra passer par les méandres de la bureaucratie et suivre un chemin absurde qui est bien sûr une référence explicite à Kafka. Néanmoins, dans le film de Marco Ferreri le pouvoir n'est pas abstrait : il désigne le pouvoir religieux et ses multiples protagonistes : le Pape, les Monseigneurs, les cardinaux, les geôliers du couvent, les bonnes soeurs. Le parallèle avec le pouvoir politique est simple et évident. On se veut près du peuple, mais le peuple n’accédera jamais au pouvoir.
La raison ? "Casa privata". La propriété privée s'étale jusqu'aux institutions religieuses, qui se veulent pourtant proches des pauvres, dans une charité dont personne n'est dupe.
Amedeo n'a plus qu'à mourir, car la "casa privata" lui refuse également le droit d'asile. Il avait pourtant simplement froid cette fois-là...
"L'udienza" de Marco Ferreri a été qualifié d'"hermétique". Les choses sont pourtant posées clairement, et l’ambiance mystérieuse que Ferreri parvient brillamment à instaurer sert le propos du film.
Encore une fois, les italiens nous prouvent toute la justesse de leur esprit critique. On attend la même chose en France...
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