Cette aurore dont il est question, ce n'est pas simplement le premier rayon de soleil qui vient interrompre la nuit froide et pluvieuse. C'est bien plus que le ciel qui s'éclaircit au petit matin. C'est une sensation unique qui vous envahit tout entier, vous enserre délicatement et vous absorbe pour mieux vous emporter, vous réchauffe délicatement et vous met de bonne humeur pour entamer la journée.

Le titre du film sonne d'ailleurs, à la lumière de cette introduction, comme une révolution cinématographique. Pleine de prétention et d'arrogance, mais capable de justifier cette attitude, cette oeuvre visionnaire s'impose entre les deux guerres et, aujourd'hui encore, figure comme un monument accessible, étonnant, émouvant du cinéma.

Film muet en noir et blanc de 1927, L'aurore est une aventure poétique magique. En dépît des contraintes lourdes qui pèsent sur le cinéaste de l'époque, L'aurore permet d'assister à un moment particulier.

Tout y est sublime. Des acteurs, surprenants d'authenticité et vecteurs d'émotions comme rarement, vibrants de sincérité à l'écran et dotés d'un charisme exceptionnel, à la mise en scène, légère et d'une puissance évocatrice de chaque instant, en passant par l'accompagnement musical ou le scénario et ses enjeux, L'aurore n'en finit pas de surprendre et de charmer.

L'insolence du script d'une époque apparemment révolue, et la justesse du jeu de Janet Gaynor, toute en subtilité et en fragilité, concourent à conserver l'actualité d'un film qui offre à son protagoniste, parti pour tuer sa femme et abandonner sa vie à ses pulsions et à la satisfaction de ses désirs, une occasion de se racheter, de faire pénitence et de retrouver la grâce des moments oubliés. L'époque et sa morale font incarner à la brune citadine, fumeuse et mystérieuse, le vice et la volupté tandis que la gentille blonde, parfaite poupée de cire, charmante épouse et mère au foyer à la ferme, n'est plus rien que l'amour fardeau, celui dont on ne peut se séparer et auquel on ne trouve plus le moindre attrait. Cette opposition entre les sentiments et les désirs, le devoir et le corps, la vie et la vibration, marque le point de départ du parcours initiatique de celui qui se voit offrir une deuxième chance malgré ses errements, et son chemin vers la rédemption, pavé d'instantanés spontanés et simples, dans un univers onirique, presque féérique et irréel, balayera les doutes et la culpabilité et permettra un pardon sincère, nécessaire pour retrouver la sincérité d'une étreinte, d'un amour complet et salvateur.

L'aurore véhicule cette honnêteté qui manque aux enjeux de notre époque, et rappelle, peut-être un peu naïvement, que les choses sombres et complexes ne sont pas forcément les meilleures. Sa force finale résidant même dans l'idée que ce pardon, cette deuxième chance et ce désir de bonheur ne devraient pas être entravés des boulets dont nous nous parons pour vivre, maintenant, notre vie rêvée égotique et superficielle.
hillson
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le 1 mai 2013

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le 1 mai 2013

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hillson

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