Sunrise - A song of abuse, deceit and brutality
Je ne parlerai pas de la réalisation, des décors, du montage, des acteurs car je n'ai de loin pas les références pour juger de cela par rapport à l'époque, et à vrai dire, je n'en ai cure.
Je ne dénoncerai pas le sexisme présent dans ce film, moins parce que "c'était comme ça à l'époque" (ça ne rend pas l'analyse de la chose moins intéressante et instructive) que parce que je n'ai d'intérêt à dénoncer que ce que je peux encore contribuer à changer.
Ce qui m'atterre, c'est que pendant 85 ans (et aujourd'hui encore, d'après ce que je vois par ici), des gens ont pu penser qu'il s'agissait d'une merveilleuse histoire d'amour.
Or, on a là l'histoire d'un homme qui trompe et envisage de tuer sa femme. Sous l'influence délétère d'une autre femme, certes. Mais qui envisage tout de même très sérieusement cette idée, jusqu'à tout préparer pour sa mise en oeuvre.
Mais au moment de se jeter à l'eau (si je puis dire...), il se ravise. Oh mais qu'elle est mignonne et solaire et naïve, ce serait dommage tout de même.
La longue demie-heure qui suit nous montre un homme accablé par le remords et la culpabilité, et l'on essaie de nous faire passer ses piètres tentatives de rachat de sa conscience pour un amour renouvelé.
Ça ne passe pas. Couvrir quelqu'un d'une avalanche de cadeaux et céder à tous ses caprices n'a jamais constitué une preuve d'amour à mes yeux.
Mon copain me dit alors "mais ce qui est intéressant c'est le symbolisme, l'amour vs le désir" (en gros). Mouais. Ce que je vois, c'est l'éternelle dualité entre la mère et la putain, les deux figures inconciliables de la fâme.
Pourquoi opposer l'amour au désir ? Les deux sont-ils incompatibles ?
Ce que je vois également, c'est un homme brutal et violent. Qui est à deux doigts de se battre avec sa maîtresse au début, tente de tuer sa femme, menace un mec avec un couteau, et, à nouveau, poursuit sa maîtresse et tente de l'étrangler.
C'est ça le prince charmant ?
Je passe sur l'incroyable platitude du personnage de sa femme, qui ne fait pas montre de la moindre once de caractère dans le film. C'est pourtant elle qu'il finit par choisir à la fin. La femme docile et stupide vaut mieux que la femme libre et manipulatrice en somme.
Bref, 3/10 parce qu'il parait que c'est une prouesse technique pour l'époque, et rien de plus pour le reste.
Edit :
Je me rends compte, en postant cela, qu'une autre interprétation de ce film est possible.
On pourrait voir cela non pas comme une ode à l'amour, et au triomphe de celui-ci sur ce sentiment bas et animal qu'est le désir, mais plutôt (et ce serait complètement corroboré par le titre) comme une démonstration de tous les sentiments parfois contradictoires, violents et incohérents, mais profondément humains, dus aux deux phénomènes que sont l'amour et le désir,
et ainsi, plutôt qu'une histoire d'amour opposé au désir, ce serait plutôt une dénonciation de tous les vices auxquels ceux-ci (indifféremment) peuvent mener.
Ce serait du coup bien plus intelligent et intéressant.
Mais j'ai du mal à croire que c'est ce qu'ont voulu faire les scénaristes (pas mal d'éléments semblent infirmer cette hypothèse), et surtout, je doute que ce soit ainsi que l'ont pris la plupart des spectateurs. Je m'en tiens donc à mon avis précédent. Mais je vous invite à exprimer votre avis là-dessus. Le mien changera peut-être, on ne sait jamais.