Une histoire vieille comme le monde.

« L’Aurore » est un film de Murneau (Nosferatu le vampire), de 1927. Il raconte l’histoire, vieille comme le monde, d’un homme, un fermier, ayant une maitresse, une citadine. Cette dernière, qui est une sorcière vénale, lui demande d’assassiner sa femme. L’homme semble décidé à lui obéir.

Je croyais que le chef d’œuvre de Murneau était son film « Nosferatu », je me suis trompé, « L’Aurore » est beaucoup plus réussi, c’est indéniable.

Si l’histoire peut nous paraitre sommaire au départ, c’est parce que le but recherché n’était pas de développer une intrigue complexe, mais de présenter une situation et des sentiments universels. Le réalisateur a su cristalliser ces émotions en les poussant à leurs paroxysmes, aussi le récit parvint à nous faire passer de l’horreur à la joie, de l’angoisse au soulagement, de la peur à l’émerveillement, de la compassion à l’horreur, dans une espèce de boucle infernale, en cela le film est exceptionnel.

Il faut aussi souligner le fait que, pour l’époque, les effets spéciaux et les techniques employées, travellings, perspective forcée, surimpression sont remarquables et innovants. Les intertitres (puisqu’il s’agit d’un film muet, bien sûr) sont peu nombreux et leurs raretés nous permettent de profiter pleinement de l’action. Je dois avouer que les intertitres sont l’aspect que j’aime le moins dans le genre, car ils tuent souvent le rythme. Ici, Murneau s’affranchit partiellement de cette obligation et je trouve ça très satisfaisant.

Les acteurs ont tendance à surjouer, une habitude du cinéma d’époque que je déteste. Toutefois, ils parviennent à véhiculer les émotions de manière efficace, et c’est l’essentiel. L’ambiance est saisissante, notamment lors de la moitié du film se déroulant à la ville, et à la foire. On sent en le visionnant que le film a bénéficié de gros moyens.

J’ai beaucoup aimé cette oeuvre que je trouve vraiment réussie, intelligente dans son déroulement, et j’apprécie la morale qu’elle véhicule.