La rencontre est originale, étonnante parfois. Pied-noir d'Algérie resté au pays après l'indépendance, Georges est opéré à Paris par un fils d'immigré né en France. Ils sympathisent au nom de cette identité confuse dont ils souffrent malgré eux et de cette nationalité friable qui les réunit.
La sensibilité et la sincérité que manifestent les deux personnages détournent le sujet de Dominique Cabrera du simple schématisme. Son film est d'autant plus intéressant que, s'il permet de revenir sur le drame vrai des pieds-noirs, il évoque plus ou moins ouvertement le drame actuel (les années 90) de l'Algérie. Avec un souci de vérité très convaincant, la caméra plonge au plus près de la communauté franco-algérienne sans jamais que pieds-noirs, beurs, rapatriés ou algériens de France ne fassent l'objet de considérations générales, ne se résument à un statut. La force du film, c'est l'humanité simple et authentique qui en émane.
Claude Brasseur est vraiment très bon dans le rôle de Georges Montero, cet homme dont les retrouvailles avec les siens sont si douloureuses, cet industriel qui doute et dont on ne sait pas (ne sait pas lui-même) s'il va pouvoir rentrer en Algérie après son séjour puisqu'on tente de s'approprier là-bas sa conserverie oranaise.
Le récit se construit autour de lui et ne poursuit finalement qu'un but: dire, sans emphase, le formidable et inextinguible amour de la terre algérienne.