20 ans d'écart

Une première oeuvre passée relativement inaperçue, malgré ses deux têtes d'affiche (Jean-Hugues Anglade et Mélanie Thierry) et l'initiative louable de proposer un "film de genre" à la française, sorte de polar mâtiné de fantastique, puisque le héros, un flic qui pourchasse un tueur en série, effectue malgré lui un bond dans le futur, se retrouvant ainsi confronté à sa propre personne, plus jeune d'une vingtaine d'années.

En l'occurrence, le film ne fournit aucune explication à ce paradoxe temporel, ce qui constitue sa principale faiblesse, surtout aux yeux des amateurs du genre, forcément plus exigeants.
Personnellement, cette facilité scénaristique ne m'aura pas vraiment dérangé, et j'ai même trouvé que ce parti-pris s'accordait plutôt bien avec la sobriété et la grande modestie qui émane de "L'autre vie de Richard Kemp".

Le récit policier se révèle assez linéaire, et s'efface presque devant la trame sentimentale, portée par deux comédiens de talent.
Dommage simplement que le vieillissement artificiel de Mélanie Thierry ne fonctionne pas (au contraire du rajeunissement de Jean-Hugues Anglade), mais heureusement ces séquences sont peu nombreuses. Quand on pense que la blondinette passait 4 heures au maquillage chaque matin...

D'autre part, on appréciera le travail effectué sur le choix de décors intemporels, qui offrent au film de Germinal Alvarez une atmosphère très particulière : entre la base sous-marine désaffectée de La Rochelle, le quartier bordelais de Meriadeck, et le pont de l'île de Ré (théâtre des rencontres entre les deux amants), "L'autre vie de Richard Kemp" dispose d'une identité visuelle forte, qui permet aux voyages temporels d'apparaître crédibles.

Voilà donc un cocktail de polar, de S-F et de romance qui certes ne révolutionne absolument rien, mais qui mérite malgré tout le coup d'œil, et vous offrira au pire une heure et demie de divertissement honorable.