Quoi de plus prometteur et positif que ce terme : l’avenir ? C’est pourtant vers une tout autre direction que nous emmène Mila Enselm Love.
Une femme professeur de philosophie se trouve à la croisée des chemins, à un moment charnière de l’existence comme pour bon nombre : vieillesse d’un parent, couple solide à la dérive, relations familiales distantes…Ne reste plus que les idées et l’intellect pour rester à flot. Mais, malgré toute cette sagesse, cette maturité de l’esprit et cette distance, l’héroïne s’expose aux bouleversements de l’existence. Tantôt fragile et fatiguée par la vie, Nathalie incarne aussi une jeunesse éternelle.
C’est une héroïne aux allures de petite fille perdue dans les bois qui s’affiche à l’écran. S’émerveillant devant la nature dont elle sait si bien profiter. On la voit ainsi se délecter d’une baignade, des fruits de son jardin ou courir avec insouciance. Peut-être applique-t-elle les principes de Rousseau sur le retour à la nature qu’elle enseigne si bien à ses élèves ? Cette innocence perdue qu’elle tend à retrouver, c’est son ancien élève Fabien qui l’incarne parfaitement. Lui retourne à la campagne et à des travaux plus « simples » que ceux de l’esprit trop souvent velléitaires comme il le fait remarquer à son professeur. A quoi bon défendre des valeurs en esprit si nous ne les appliquons pas dans nos actes quotidiens ?
Isabelle Huppert (lumineuse) nous offre ici un rare jeu d’émotions. Froide, mature, mais aussi vulnérable, et nostalgique, elle incarne une mélancolie qui coïncide avec une certaine sagesse et dont son élève est encore dépourvu. Après un décès, un divorce, et un chat prénommé Pandora, que reste-t-il si ce n’est une liberté absolue ? Si ce n’est les œuvres de l’esprit ? Si ce n’est l’imagination ? Si ce n’est la descendance ? Un film magnifiquement existentiel.