J'aime vraiment bien le cinéma de Mia Hansen-Løve, j'aime cette manière qu'elle a de suivre ses personnages dans une tranche de leur vie et de les accompagner sans les juger. C'est ce qu'elle fait encore une fois dans L'Avenir, où Isabelle Huppert va petit à petit tout perdre, ses enfants qui grandissent, sa mère, son mari... et où on va juste la voir vivre sa vie de bourgeoise de droite, seule.
C'est la force du film, tout est on ne peut plus crédible, cette vieille prof de philo bourge qui est contre le blocage de son lycée par les élèves, après avoir elle-même été communiste dans sa jeunesse, ses manières, mais aussi ses fragilités et ses problèmes. Certes Huppert fait du Huppert (et elle est parfaite), mais clairement Mia Hansen-Løve sait ce qu'il faut faire pour créer un vrai personnage et comment le rendre attachant. Elle a l'air froide et hautaine, mais on sent qu'elle aime vraiment bien son ancien élève, elle distille comme ça des touches d'humanité dans le personnage qui permettent de voir les craquelures derrière la parure de femme sûre d'elle.
(Et je ne parle même pas des interactions qu'elle a avec ses gamins qui la charrient au début du film qui sont terriblement justes et qui aident immédiatement à planter le décor et à rendre crédible tout cette petite famille)
Donc c'est vraiment plaisant de la voir, toujours digne, affronter les épreuves de la vie, ce qui renforce le fait de la voir craquer à quelques rares instants. Il s'en dégage une réelle tendresse pour cette femme et à la fin du film j'en aurais bien repris, j'ai envie de voir ce qu'elle va faire ensuite, ce qu'elle va devenir...
Parce que si au contraire elle s’apitoyait sur son sort on aurait été dans quelque chose de beaucoup plus banal et morne. Là, le fait qu'elle trouve à chaque fois la force pour continuer comme si de rien n'était et juste accepter la vie donne un aspect solaire au film. C'est l'été, une nouvelle vie s'offre à elle, elle n'a comme seule contrainte qu'un vieux chat et c'est l'aspect profondément tragique du film et franchement beau, c'est qu'une fois relevé de ses responsabilités de mère, d'épouse, de fille, de prof (c'est les vacances), elle pourrait faire n'importe quoi et pourtant, comme dans la vraie vie, elle ne va pas faire de folies... C'est une belle et triste réponse proposée au postulat de départ. Elle est consciente d'être un peu âgée, vieux-jeu et qu'il est un peu tard pour tout changer.
J'aime cette démarche très humble qu'à Mia Hansen-Løve de proposer quelque chose d'aussi simple et beau, au lieu de partir dans tous les sens, c'est vraiment ce qui fait la force du film. Il se dégage finalement du long métrage un profond sentiment de tendresse pour cette femme, qui n'est pas sans défaut (j'aime beaucoup la manière avec laquelle elle éconduit son ex-mari le soir de Noël alors qu'il s'apprête à passer le réveillon seul), mais qui malgré les épreuves continue, sans jamais baisser les bras.
Je dois dire que ça m'a vraiment touché.