Fin de l'année scolaire, fin du lycée, début de l'été. Une période de l'année judicieusement choisie par Mia Hansen-Løve pour parler de l'avenir de Nathalie, professeur de philosophie jouée par Isabelle Huppert, à un moment charnière de sa vie.
En effet, une série d'événements malheureux viendra subitement bousculer cette femme. Bien qu'il s'agisse de choses assez graves que tout le monde redoute à un moment ou un autre, la réalisatrice choisit de laisser ces événements au second plan pour s'intéresser aux à-côtés, aux petits détails qui accompagnent ce genre de situations. Elle met en scène, de manière très épurée, des segments de vie dont l'intonation n'est pas toujours réaliste (comme la scène où le personnage principal, faisant cours dans un parc, reçoit un appel urgent et explique sans pudeur à ses élèves de quoi il s'agit avant de partir) mais qui reste réelle.
Isabelle Huppert occupe une place importante dans l'appréciation du film. Son jeu, qui est d'habitude assez particulier, semble ici cassé. Elle prend des intonations étranges, paraît souvent monotone et détachée, mais son personnage est humain et vrai, pour une raison que j'ignore. Elle a une manière de ne pas en vouloir aux autres, de prendre sur elle, d'être patiente qui est touchante. Et puis soudain, au détour d'une phrase, des larmes jaillissent sans prévenir, qu'elle cherche à cacher honteusement... Mia Hansen-Løve manie bien l'émotion, je crois.
L'Avenir présente donc l'arrivée des problèmes comme la fin des responsabilités pour Nathalie, qui devra vivre avec une liberté nouvelle l'attente du futur. Je perçois ce film comme une sorte de voyage initiatique, sans réel but ni conclusion : on a vu la vie d'une femme, on a un peu vécu avec elle et puis c'est tout. Et c'est déjà pas mal.