L’aventure c’est l’aventure est un film foutraque, mal-écrit, mal-tourné et mal-monté, mais, pour qui se souvient des Trente glorieuses, extraordinairement drôle.
1963 : Georges Lautner signe Les Tontons flingueurs. Ses gangsters Lino Ventura, déjà, Bernard Blier, Jean Lefebvre et Francis Blanche découvrent la société de consommation, le twist, la télévision et les revendications corporatives des putes, alors « plus rares que des femmes de ménage ».
1972 : Les voyous Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Denner, Aldo Maccione et Charles Gérard sont confrontés à l’irruption de la société des loisirs, du tout politique, de la lutte des classes et du show business. Les putes aspirent désormais à l’autogestion. Contraints à se mettre à jour, nos truands se forment au gangstérisme révolutionnaire. Ils iront chercher l’argent, là où il s’accumule : chez les politiques.
Lelouch film à l’instinct une succession de sketchs, plus ou moins réussis. Ses acteurs s’amusent et improvisent avec talent. Jacques (Brel) détourne son avion à la belge, Lino pense trop, Charles aligne les répliques cyniques, Aldo fait du Maccione, mais nous offre une magnifique séquence onirique, Charles bronze et grogne. J’oublie l’apparition, dispensable, de Johnny. Si le Lelouch scénariste est à la peine, avouons que le dialoguiste est brillant. Il passe allégrement de la comédie à la satire, flirtant avec l’absurde. Nos héros rançonnent, pillent, trahissent. Bien avant Voyage au bout de l'enfer, ils jouent à la roulette russe avec la vie de leur otage ! Ils ne respectent rien. D’ailleurs, à quoi bon, si : « Le capital, c'est foutu. La Cinquième, c'est foutu. Le PC, c'est foutu. La société de consommation, c'est fini tout ça, c'est foutu. Les bagnoles, foutu. »
PS Une dernière de Jacques : « La prochaine guerre, ça va être comme ça, tu vois. Tout va péter, puis on saura jamais qui a gagné. »