Après ce film, Carlos Sorín a quitté le cinéma pendant plus d'une décennie avant de sortir l'excellent Historias Mínimas. Son Eversmile était plutôt une Historia Máxima, et elle a raté. Pourquoi ?
Étrange idée en tout cas de faire un road movie anglophone en Patagonie. On connaîtra Sorín pour un plus grand respect de son pays : là, il y a importé tous les codes du navet à l'américaine. Les bruitages sont laids et de nombreux personnages sortent de nulle part. Conçus pour marquer, ils n'ont jamais l'opportunité d'être eux-mêmes et laissent tous une grande impression de vide.
Day-Lewis fait de son mieux pour apporter un semblant de consistance à ces alternances de rythme en roue libre qui ne sont pas du tout le genre d'environnement propice au développement d'un personnage de savant fou. Enfin, de dentiste fou. Traversant toute l'Amérique en side-car pour distribuer des brosses à dents, de bons conseils dentaires et des consultations gratuites où il se sert de sa moto comme siège pour les patients, il produit exactement l'effet que vous ressentez actuellement : "attends, quoi ?"
Entre les images répétées et l'absence de continuité, il n'y a pas vraiment d'amour de la photographie non plus. Les images sont dépourvues d'arrière-plan, étouffées comme tout ce qui n'est pas visuel dans le film. On finira sur des miettes de tendresse qui laissent au moins une ultime impression qui nous sort la tête de l'eau, mais guère davantage.
→ Quantième Art