Outre qu'il est passionnant et convoque tour à tour une grande partie de la géopolitique depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le film de Barbet Schroeder réussit l'exploit de donner une cohérence au parcours de Jacques Vergès. Celui-ci apparait un homme infiniment plus complexe que l'image que l'on peut avoir de lui de prime abord.
L'exercice est d'autant plus difficile que Vergès, habile manipulateur, est prompt à se nimber de mystère, et se complait aisément dans son personnage. C'est donc aussi un bras de fer qui s'engage, entre un protagoniste habitué des plaidoiries et maître manipulateur, et un réalisateur qui ne s'en laisse pas compter.
Barbet Schroeder est ici à son meilleur, lui qui navigue entre films hollywoodiens (souvent ratés) et films d'auteurs (souvent réussis et chocs). Cet Avocat de la terreur constitue un peu son second volet documentaire sur des personnalités troubles, après celui sur Amin Dada et avant celui sur Ashin Wirathu. C'est le plus réussi des trois. Car au final, le film est époustouflant, nous en apprend beaucoup, et laisse sans voix.