Malgré une immense bronca au festival de Cannes 1960, L'Avventura a su traverser les époques et se créer une solide réputation, notamment celui d'avoir inventé un nouveau langage cinématographique et c'est toujours difficile de se lancer dans ce genre d'oeuvre dont la réputation est si haute qu'on a un peu peur de la déception due à une attente trop élevée.
Ce n'était pas mon cas à cause d'une dernière expérience très mitigée avec le cinéma d'Antonioni que je connais pourtant très peu (deux films vus avant celui-ci) et je dois bien reconnaitre que c'est à nouveau le cas ici. Le metteur en scène de Blow Up nous emmène dans la bourgeoisie italienne pour y suivre la préparation d'une croisière qui va finir, assez vite, par une disparition, et c'est autour de l'amie de la disparue qu'il va peu à peu axer son récit.
L'histoire en elle-même est aussi audacieuse qu'intéressante, surtout lorsque la disparition arrivera, ce qui va permettre à Antonioni d'installer des relations de plus en plus ambiguës entre les personnages où amour, sexe et mensonge seront au rendez-vous, avec comme fond un polar autour de la recherche de la disparue. Il prend son temps pour bien explorer les personnages et poser le contexte tandis qu'il étudie avec finesse et intelligence l'évolution des protagonistes. Formellement c'est une réussite indéniable, tant dans les cadres que la façon de capter les paysages ou expressions des personnages ou la très belle photographie en noir et blanc.
Et pourtant... L'Avventura m'a tout de même déçu dans l'émotion et l'impression de vide qu'il m'a peu à peu donnée plus on avançait dans le récit. Si les personnages sont intéressants, on ne ressent rien pour eux, tandis que l'atmosphère romantico-mystérieuse peine à tenir sur toute la durée du film, provoquant un certain ennui lors de quelques passages, le manque de dramaturgie n'étant pas comblé comme il le faudrait.
C'est vraiment dommage car on ressent tout le talent et la maitrise du cinéaste italien, sachant bien mettre en avant les sensations des personnages via un regard, un geste ou une expression tandis que les moments intimistes sont souvent d'une justesse rare. La mise en scène est aussi très belle, élégante à souhait mais ne sublimant pas toujours cette histoire de vie. Devant la caméra, les interprètes sont excellents, se fondant dans leur rôle à l'image d'une Monica Vitti éclatante et faisant ressortir à la fois la beauté, et la fragilité humaine.
Si Antonioni est incontestablement un cinéaste talentueux, il me déçoit à nouveau avec ce film beau, audacieux et intelligent mais sans émotion. Faisant suite à une plus grande déception (Profession : Reporter), je peine à retrouver le brillant auteur de Blow-up, en espérant que la prochaine expérience soit la bonne.