"Toutes princesses que nous sommes, nous ne serons jamais plus que de la viande à marier." En adaptant L'échange des princesses de Chantal Thomas, avec une rare fidélité, d'ailleurs, Marc Dugain n'entend pas faire un film d'époque qui prétend parler de thèmes d'aujourd'hui mais certaines répliques et situations restent, peu ou prou, d'actualité dans certaines parties du monde. Quoiqu'il en soit, cette première incursion de l'écrivain-cinéaste dans un univers qui n'est a priori pas le sien est une belle réussite. D'emblée, il trouve le bon tempo, avec une grande fluidité dans les passages entre une cour et une autre (celles de France et d'Espagne), quelques années après la mort de Louis XIV. Point de dialogues ampoulés dans le film mais une langue "grand siècle" modernisée sans excès. Et un découpage parfait, accompagné d'un montage strict qui n'étire jamais les scènes plus que de raison. Les images sont somptueuses (le film a pourtant intégralement été tourné en Belgique, loin des lieux emblématiques de l'époque) et se pose à hauteur d'enfants et d'adolescents puisque ce sont eux qui sont manipulés et victimes des jeux politiques des adultes. La couleur dominante est celle de la mélancolie, teintée d'un humour très discret. L'interprétation est à la hauteur, de Lambert Wilson à Andrea Ferreol, en passant par Catherine Mouchet, Anamaria Vartolomei (une révélation) et la petite Juliane Lepoureau. Du beau cinéma classique qui ne cède jamais à l'académisme.