Un jeune citadin, pas forcément très motivé à l'idée de devenir professeur (il veut devenir chanteur en Australie), se voit obligé d'aller faire classe dans l'école la plus reculée du monde. Pour l'atteindre, il faut une semaine de marche, sans croiser âme qui vive, et sur place, pas question de parler d'électricité, de papier et encore moins d'Internet. Là-bas, le temps qui passe se rythme aux sons des troupeaux de yaks qui paissent, des chants sacrés des habitants qui résonnent de vallée en vallée (créant une mélodie lancinante et fascinante), des histoires de vies racontées autour d'un feu bien chaud pour tromper le froid... Pour le jeune professeur habitué au confort de la ville, c'est la douche froide. Mais très vite, l'envie de déguerpir de ce trou perdu se confronte à la chaleur humaine des locaux, à la philosophie de vie si douce, aux enfants qui ont fondamentalement besoin d'un professeur (et sont très contents d'aller en cours : on veut les mêmes chez nous)... Partira, partira pas ? L’École du bout du monde est un moment suspendu pour nous, spectateur, une grande bouffée d'air frais et une pause philo dépaysante, qui fait un bien fou. L'Académie des Oscars a demandé au Bhoutan de créer une Commission Cinématographique expressément pour la sélection du film dans son concours, et en voyant ce petit bijou, on comprend pourquoi. La fin ouverte permet de ne pas verser dans la niaiserie pure, nous laisse imaginer la suite des aventures de ce prof et de ses élèves (adorables, surtout Pem Zam), nous laisse ressortir de la salle (de classe) en ayant fait la connaissance d'une culture qu'on ignorait, des légendes et chants sacrés si inspirants, et d'un respect des animaux (le lien entre le yak et son maître) vraiment touchant. Le dénuement de ce peuple lui permet de se concentrer sur l'essentiel, sur ce qui a vraiment de l'importance dans la vie, et il nous le rappelle sans jamais avoir l'air de nous faire la leçon.