Assez déçu de ce dernier travail de Joachim Lafosse dont on dit qu'il y retrouve son ancien brio.
Le film pourrait presque être réduit à une (trop) longue séquence : celle d'un couple qui se déchire autour de la séparation de leur bien commun, leur appartement, puisqu'elle l'a acheté initialement mais que lui y a fait toutes les rénovations désormais liées à sa plus-value.
Dans le fond, tout est dit dans les 5 premières minutes, et rien de véritablement nouveau ne sera joué par la suite. Aucun élément ne fait réellement avancer la narration.
Certains prétendent que l'optique du réalisateur est de faire la cartographie d'une séparation. Cependant, et malgré les performances de Bérénice Bejo et Cédric Kahn, on ne lit pas vraiment d'enjeux, de dilemme ; la souffrance qui se répète de séquences en séquences est littérale, plaquée, et ne laisse que peu de place à une vraie nuances de sentiments, au doute, à l'ambiguité. Certains "rebondissements" (le mot est, dans le contexte, assez extravagant...) mal amenés n'aident pas à entrer moins superficiellement en empathie avec les personnages.
Le choix de ne rien expliquer du couple dans son passé - qui en soi est tout à fait défendable - participe au caractère hermétique des problématiques et des dynamiques qui lient les deux personnages principaux.
Au final, on finit surtout par s'agacer de ces engueulades perpétuelles. On s'ennuie de cette complaisance à filmer des regards qui n'en finissent pas, et qui, puisqu'on ne sait trop quoi y projeter, ne résolvent rien au manque général d'émotions.
Heureusement, les deux gamines sauvent un peu la mise, notamment dans une superbe séquence qui rapproche soudain ces parents qui d'ordinaire s'écorchent. De même, il faut reconnaître que le huis clos est maîtrisé et que la mise en scène est plutôt porteuse. Pas assez, cependant, pour faire décoller l’œuvre...