Une maître-nageuse mal embouchée, un grutier qui feint de ne savoir nager pour se lancer dans un flirt aquatique avec cette dernière, le pitch pourrait faire sourire s’il était traité avec plus d’inspiration que les lieux communs inhérents à ce genre d’histoire. Entre la romance nutella qui prend une tournure ridicule en milieu de métrage, les personnages balourds qui ne sont écrits que pour combler un temps d’antenne lancinant malgré sa faible consistance et la tentative poétique qui tourne un peu court parce qu’elle est portée par des dialogues peu inspirés, l’effet aquatique fait grise mine : « j’aime bien passer des nuits seule ici… parce qu’il y a des bruits, des lumières, des reflets dans l’eau, des ombre, j’ai l’impression d’être dans un aquarium », c’est joliment quand même un peu bateau, et servi par la voix rocailleuse de Florence Loiret Caille, la seule actrice que je trouvais un peu limite dans le Bureau des légendes, ça ne file pas vraiment le frisson. Comme si la petite nageuse svelte et élancée qui nous faisait de l’œil au bord du bassin se fut rétamée lourdement à son arrivée dans l’eau après avoir quitté le plongeoir avec grâce.
Ce n’est pas compliqué, j'ai passé tout le film à me dire que cette histoire de prime abord balourde avait certainement son mot à dire et que le premier quart d'heure un peu gauche allait sans doute déboucher sur une bonne partie de rigolade une fois les deux parisiens envolés pour le pôle Nord. Mais malheureusement, chaque moment porteur d’espoir (quelques passages font sourire) est suivi par une déconvenue immédiate, la faute à un projet qui ne repose que sur une idée de départ dont le potentiel comique avéré n’est pas exploité. L’effet aquatique est un film immobile, une piscine à vague dont le moteur générateur de courant serait défaillant. On attend la houle sans jamais qu’elle ne fasse l’honneur de sa présence.
En témoigne la dernière scène, dont le ressort dramatique est porté par un Ipad® et une application de géolocalisation, qui annonce radicalement la fin de la séance sans prendre soin de désamorcer la petite subtilité narrative (comprendre twist complètement gratuit) ayant permis de combler 1h19 d’antenne. Comme conscient qu’il est trop tard pour redresser la barre, le capitaine rentre la grand voile et fait rugir le moteur de secours histoire de rentrer au port sans aucun délai.
Peut-être que le vrai problème de l’Effet Aquatique est de naviguer à vue entre différentes tonalités. Pas complètement comique, mais voulu rigolo, pas complètement dramatique mais vampirisé par une thématique sérieuse — la naissance difficile d’une relation alors que l’esprit tente de se remettre d’une difficile épreuve, on parle ici de veuvage —, pas complètement naturaliste mais habité par une envie de montrer l’Islande sous son plus beau jour. Le problème c’est qu’à vouloir tout faire en même temps, rien ne ressort vraiment : la caméra est en mode automatique, la photographie très quelconque (pourtant, damn, c’est l’Islance quand même !), les acteurs en roue libre (il n’y a guère que Samir Guesmi qui s’en sorte à peu près) et la plume censée lier tout ça est en grève. Bref, on passe son temps à se demander sous quel angle prendre cette histoire d’amour gentillette qui tente de faire fondre la glace islandaise, sans y parvenir.
Pour le coup, je n’ai pas trouvé mon bonnet de bain, ni le chemin du grand bassin. L’effet aquatique a pour lui une note d’intention louable, un point de départ amusant, mais perd son temps à essayer de se trouver, sans jamais y parvenir. Reste une proposition sincère, nappée d’une bonne humeur évidente, mais trop hétérogène pour l’emporter sur la distance.