Selon l’expression inventée par le météorologue Edward Lorenz, il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météorologique pour que celui-ci s’amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux. Ici, dans l’œuvre fictive du duo Eric Bress / J. Mackye Gruber, cette notion ne concerne pas vraiment la météo, mais s’applique aux sciences humaines, à l’environnement et aux voyages spatio-temporels. Bref, pour résumer, le battement d'aile d'un papillon en France pourrait déclencher une tempête en Australie. Rien de moins.
Au-delà de son titre, L'Effet Papillon n'a absolument rien de scientifique et de cartésien dans sa narration. Et encore moins dans son montage (très) approximatif alors que le sujet et les différents thèmes abordés (en vrac, le refoulement névrotique, la culpabilité, la pédophilie, l'amour sacrifié, la rédemption, etc.) auraient dû être agencés d'une manière fondamentalement architecturale.
Depuis l'âge de 7 ans, Evan subit des pertes de mémoires instantanées qui lui pourrissent l'existence. Une malédiction héréditaire dont est également victime son géniteur, interné dans un hôpital psychiatrique, et qui permet d'agir sur le passé en remontant le temps durant de courtes périodes afin de modifier les évènements dramatiques. Mais en métamorphosant l'histoire, Evan bouleverse sa destinée ainsi que celles de son entourage. Le plus souvent pour le pire...
En l'état, on pense bien évidemment à des films antérieurs tels que L'Expérience Interdite (Joel Schumacher - 1990), Memento (Christopher Nolan - 2000), voire Même à Donnie Darko (Richard Kelly - 2001), que le duo de cinéastes a certainement visionné en boucle avant de s'atteler à la rédaction de leur script. Sans pour autant égaler leurs influences, Bress et Mackye Gruber parviennent néanmoins à exploiter leur concept en alignant des portraits psychologiques pertinents. Même si le tout manque invariablement de profondeur et d'un véritable point de vue avec des raccourcis relativement caricaturaux qui font fortement penser aux fils narratifs d'une multitude de séries TV, L'Effet Papillon ne s'enlise pas pour autant dans le happy end de bon aloi et soulève quelques questions relativement tortueuses quant au passage de l'adolescence à l'âge adulte.
Sur le plan technique, les brusques coupes survenant dans le montage consécutivement aux pertes de mémoire du jeune héros restent assez surprenantes. Et puis Amy Smart est vraiment investie, tour à tour lumineuse, névrosée, amoureuse et totalement éteinte. Une bien belle performance d'actrice qui renforce d'autant plus les ambulantes qualités d'une première œuvre ambitieuse et plutôt réussie.