L'île maléfique
Sympa mais pas assez prenant.Le pitch donne très envie mais le développement manque un peu de force ; les situations ne vont pas assez loin, les personnages ne sont pa sassez actifs, l'action n'est...
Par
le 4 mai 2022
4 j'aime
Teruo Ishii, cinéaste japonais, obscur parmi les obscurs, nous a concocté un objet cinématographique hybride plutôt dérangeant. En effet, avec « Horrors of Malformed Men », ce japonais déjanté s’attaque à un sujet hyper tabou : le sort des personnes nées difformes suite aux conséquences des explosions atomiques ayant frappé Hiroshima et Nagasaki.
S’il existe bien un sujet tabou parmi les sujets tabous au Japon, on pourrait citer sans hésiter tout ce qui touche de près ou de loin aux événements de Hiroshima et de Nagasaki. Qu’à cela ne tienne, la sélection de ce mois-ci met les pieds dans le plat avec un cinéaste qui, en 1969, a osé « filmer là où ça fait mal », pourrait-on dire. Teruo Ishii est un réalisateur hors pair connu pour des bobines complètement hallucinées abordant sans ambages des sujets comme la torture au temps des shoguns (Femmes criminelles, L’enfer des tortures) et ce dès la fin des années 60 ! (La série des Saw n’a rien inventé, il faut le dire). Il a également mis en scène une série de longs-métrages nommée Abashiri Prison, avec la vedette nationale Takakura Ken.
Avec Horrors of Malformed Men, Ishii s’attaque au problème des personnes handicapées suite aux conséquences des deux bombes atomiques. De manière métaphorique, cela dit (l’histoire du film se déroule en 1925). Ce film n’a pas vraiment pu faire scandale à sa sortie, car le producteur a décidé de ne pas le diffuser du tout. Et cette autocensure a duré pendant environ 35 ans ! Quelques festivals l’ont projeté dans la deuxième moitié des années 2000, et sa sortie DVD aux États-Unis date de 2007 !
Pourquoi une gêne si persistante à montrer ce film obscur ? Afin de mieux comprendre, examinons d’abord un peu l’intrigue. Hirosuke est un chirurgien qui se retrouve enfermé dans un hôpital psychiatrique sans qu’il ait enfreint la loi de quelque manière. Au sein-même de l’établissement, un mystérieux homme chauve tente de tuer Hirosuke, mais c’est ce dernier qui parvient à mettre fin aux jours de son adversaire. Il parvient ensuite à s’évader, puis il se met à la recherche de la personne qui a tenté de le faire enfermer définitivement tout en essayant de comprendre pourquoi. Son enquête le mène sur une petite île habitée uniquement par des gens difformes qui ont un désir de revanche contre ceux qui ne le sont pas. Le chef de ce « clan » s’avère être un homme dénué de tout scrupule.
S’il l’on devait parler de ce qui fait le plus peur ou réfléchir dans ce film, c’est bien la complexité du scénario qui viendrait en premier lieu. En effet, on a rarement vu des idées aussi retorses mises au service d’un machiavélisme orchestré principalement par le personnage du chef des individus difformes. Pour donner un exemple, sans trop gâcher le suspense : la vie toute entière du héros est contrôlée depuis sa naissance afin de l’amener à faire des études de chirurgie, et ce dans le but d’utiliser cette science non pas pour soigner qui que ce soit, mais bien pour déformer des personnes n’ayant aucun handicap !
Une parfaite cohérence s’instaure ainsi entre le fond et la forme : le film est « difforme » ou « tordu » dans tous les sens du terme. Personnages se manipulant les uns les autres, trame narrative regorgeant de chausse-trappes et de faux-semblants, photographie au mélange de couleurs psychédéliques, irruption de scènes de danses surréalistes… Bref, un film d’une bizarrerie démentielle!
Horrors of Malformed Men de
Teruo Ishii (1969). Japon. Avec Teruo
Yoshida, Yukie Kagawa, Teruko Yumi,
Mitsuko Aoi. Disponible en DVD à
l’import avec sous-titres anglais. Distribué
par Synapse Films.
(critique parue dans le magazine "Le Poiscaille" en mai 2011 : www.lepoiscaille.be )
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 9 juil. 2017
Critique lue 1.1K fois
7 j'aime
D'autres avis sur L'Effrayant Docteur Hijikata
Sympa mais pas assez prenant.Le pitch donne très envie mais le développement manque un peu de force ; les situations ne vont pas assez loin, les personnages ne sont pa sassez actifs, l'action n'est...
Par
le 4 mai 2022
4 j'aime
La puissance esthétique produite par Edogawa Rampo Zenshū: Kyoufu Kikei Ningen justifie à elle seule sa redécouverte en France : le cinéaste Teruo Ishii témoigne d’une inspiration de chaque plan,...
le 2 août 2024
Du même critique
Vondie Curtis-Hall, acteur de seconde zone à Hollywood et réalisateur d'épisodes de séries à ses heures, nous a livré en 1997 son premier long-métrage. Peut-être la seule œuvre réellement franche et...
Par
le 17 juin 2011
14 j'aime
2
Roberto Rossellini, figure-phare du néoréalisme italien, a mis sur pied une trilogie désormais culte sur la Seconde Guerre mondiale. Paisà en est le deuxième volet, entre Rome, ville ouverte (1945)...
Par
le 14 juil. 2013
13 j'aime
En France, Claire Denis est une des rares réalisatrices capables de faire des films qui soient subversifs à la fois sur le fond et sur la forme, ce qui n'est pas donné à tout le monde (voir à ce...
Par
le 20 nov. 2011
13 j'aime
5