Assez grande déception. Les sœurs de Gion m'avaient déjà largement désappointé par le rythme et le manque de profondeur du scénario (au contraire des Femmes de la nuit et de La rue de la honte). Bref, je n'aurais pas été charmé par le diptyque réaliste noir du Mizoguchi des années 30.

A part un ou deux plans de tout le film, la réalisation n'est pas d'une inventivité foudroyante. Décidé à laisser les artifices, comme souvent, Mizoguchi se contente de peu. Dans les films qui suivront, toujours à la recherche du vrai et de l'épure, il parviendra cependant à donner une esthétique et un rythme beaucoup plus fluides, une clarté et une invention qu'ici je ne retrouve pas.

Les thématiques féministes sont ici toujours la pierre d'achoppement de toute l'histoire. Les hommes sont tous des dégueulasses et les femmes les victimes d'un système aussi patriarcal que cruel et hypocrite. Mizoguchi explore encore le parcours et la psychologie des personnages qui cautionnent, organisent, combattent ou subissent la prostitution. En somme la société corrompue et corrompant.

Je ne sais si la qualité médiocre de l'image n'est pas pour beaucoup dans l'espèce de distance qui s'instaure entre le spectateur et les personnages? Dans les œuvres plus récentes de Mizoguchi, les gros plans sont tout autant rares, mais l'on voit nettement mieux les traits des visages, les expressions etc. Ici, un flou qui n'a rien d'artistique mais qui a tout de l'érosion du temps, enraye peut-être grandement une empathie nécessaire à l'immersion dans l'histoire. Je me demande si ce problème n'est pas identique pour l'édition vue pour Les soeurs de Gion.
Alligator
5
Écrit par

Créée

le 22 févr. 2013

Critique lue 510 fois

2 j'aime

1 commentaire

Alligator

Écrit par

Critique lue 510 fois

2
1

D'autres avis sur L'Élégie de Naniwa

L'Élégie de Naniwa
IllitchD
8

Critique de L'Élégie de Naniwa par IllitchD

L’élégie de Naniwa/Naniwa Ereji (1936) également connu sous le titre de L’élégie de Osaka/Osaka Ereji est une œuvre mélodramatique en noir et blanc du maître Kenji Mizogushi. Ici, le cinéaste met en...

le 29 oct. 2012

6 j'aime

5

L'Élégie de Naniwa
Alligator
5

Critique de L'Élégie de Naniwa par Alligator

Assez grande déception. Les sœurs de Gion m'avaient déjà largement désappointé par le rythme et le manque de profondeur du scénario (au contraire des Femmes de la nuit et de La rue de la honte)...

le 22 févr. 2013

2 j'aime

1

L'Élégie de Naniwa
abel79
6

Le journal d'une fille perdue

"L'élégie d'Osaka" est un court film de 1 h 12 et il condense tous les thèmes chers que le cinéaste développera ultérieurement et avec plus d'ampleur. Le film date de 1936 et il y a une volonté de...

le 4 janv. 2022

1 j'aime

1

Du même critique

Cuisine et Dépendances
Alligator
9

Critique de Cuisine et Dépendances par Alligator

Pendant très longtemps, j'ai débordé d'enthousiasme pour ce film. J'ai toujours beaucoup d'estime pour lui. Mais je crois savoir ce qui m'a tellement plu jadis et qui, aujourd'hui, paraît un peu plus...

le 22 juin 2015

55 j'aime

3

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

53 j'aime