L’Emmurée vivante n’a rien d’un giallo. Pas de tueur sadique à l’arme blanche, pas de meurtres sanglants, pas de touches érotiques, pas de scènes angoissantes, L’Emmurée vivante est simplement un thriller italien. Et Lucio Fulcio, réputé pour ses films nihilistes et souvent très gore, fait ici preuve d’une sagesse qu’on lui connaît peu. Dans la droite ligne des spécialistes du giallo, il mise sur un scénario astucieux se jouant de fausses pistes et d’une perception de la réalité déformée par des personnages en proie à leurs propres névroses. La révélation du pot-aux-roses met à jour une intrigue, certes un peu convenue, mais menée avec rigueur et efficacité.
Le résultat, parfaitement maîtrisé, donne un thriller vraiment prenant, porté par le remarquable thème musical, qui est aussi une des clés du film, signé Vince Tempera. Ce sont finalement les thèmes du rêve et de la parapsychologie qui évoquent le giallo. Mais Lucio Fulci n’a pas ici le talent d’un Dario Argento. Plutôt que de suggérer le rêve à grands renforts de détails entêtants comme l’aurait fait le maître italien, Lucio Fulci use et abuse de zooms sur le regard du personnage principal pour annoncer qu’un souvenir lui revient en mémoire. Par ailleurs, si la couleur rouge se fraie un chemin dans un univers désespérément grisâtre, le réalisateur peine à filer sa métaphore avec autant de pertinence que ne l’aurait fait le maître du giallo.
Il n’empêche qu’au-delà de quelques maladresses, formelles principalement, l’ensemble se suit avec un grand intérêt, le mystère se dévoilant avec pertinence. Le récit est ainsi parfaitement conduit même si on pourra relever, ici ou là, quelques longueurs inutiles. Quelques situations plus tendues ou sanglantes n’auraient pas gâché l’ensemble, mais ce thriller italien est vraiment très convaincant.