Pendant la grande dépression des années 30 aux Etats-Unis, des hordes de vagabonds, de "bogeymen" et de trimardeurs voyagent clandestinement dans les trains de marchandises qui sillonnent le pays. Robert Aldrich choisit ce sujet qu'il transforme en une sorte de western ferroviaire d'une violence implacable. Ce qui l'intéresse avant tout, ce n'est pas la psychologie, on le lui a d'ailleurs parfois reproché, mais il revendiquait l'exagération des situations extrêmes et de la violence, et il s'intéressait plus à l'interaction entre des groupes humains.
Ce qu'il cherche à offrir, c'est du spectaculaire, ce qui l'intéresse, ce n'est pas tant cette peinture de l'Amérique plongée dans la crise économique, mais bien plutôt l'affrontement de 2 hommes hors du commun en centrant entièrement son intrigue sur ces 2 personnages. Et ceci se vérifie dans son choix d'acteurs "à trognes" et à la présence charismatique : Lee Marvin et Ernest Borgnine qu'il avait déjà dirigés dans les 12 salopards. Tout oppose le trimardeur téméraire au chef de train sadique, leur dimension exceptionnelle fait d'eux des adversaires inévitables dont le combat acharné donne lieu à des scènes sauvages où éclate la prédilection d'Aldrich pour la violence et les brutes viriles.
Autour de ces 2 hommes gravite une foule de vagabonds et d'employés des trains, symboles d'une Amérique déçue et désabusée qui, faute de croire au rêve promis, se passionne pour l'affrontement. Aldrich installe avec habileté peu à peu la tension pour exploser brusquement dans la séquence finale ; le film possède une force terrible dans un climat de violence mené à son paroxysme, qui porte la marque d'un réalisateur passionné, toujours prêt à sortir des sentiers battus et à imposer avec énergie son style rugueux d'auteur aussi remarquable que ses personnages.