Le meilleur épisode de la saga. Sans discussion possible.
Tout le monde ou presque le reconnait.
Et devinez quoi ? George Lucas n’est, pour une fois, pas aux manettes. Ça se voit, et bordel, ça s’apprécie ! Irvin Kershner a accepté la réalisation de l’opus et décidé de faire du cinéma. Que c’est bon ! Que c’est beau ! Du space opera qui n’est pas que graphique, ou que scénaristique, mais bien les deux à la fois. Ç’a toujours été mon préféré et à chaque nouvelle vision, The Empire Strikes Back confirme cette place. Du bonheur !
Graphiquement c’est régal : d’abord sur Hoth, planète de glace prétexte à de magnifiques plans d’isolement (Luke et Han dans la tempête, splendide image de solitude et de la petitesse de l’homme face aux éléments), à de superbes contrastes, la matière plastique idéale pour une photographie éclatante. Peter Suschitzky (futur directeur photo de David Cronenberg) illumine le film de sa maestria, un véritable artiste qui sait que l’image d’un film raconte au moins autant que l’enchaînement des événements. La séquence du combat final opposant Luke et Vader est sublime de noirceur et de contraste encore, probablement le plus beau duel de l’univers Star Wars, visuellement et dans son intensité narrative. Le réalisateur et son chef-opérateur, qui savent lire entre les lignes d’un scénario, l’ont compris et l’ont sublimé. Et l’épisode tout entier est certainement celui qui a bénéficié de la plus grande attention plastique.
Costumes et décors à la hauteur du rendez-vous : costumes diversifiés, aisément reconnaissables et décors travaillés jusqu’à la patine idéale. La cité dans les nuages est éclatante mais reste crédible, réelle. Les marais de Dagobah respirent et exhalent cette odeur fétide, transpirent cette désagréable moiteur, et je reviens sur Hoth, glacial, immense. Le spectateur est toujours au plus près de l’atmosphère, tout participe de l’invitation et de l’identification.
La musique.
Comment ne pas dire un mot sur l’inoubliable score de cet épisode : The Imperial March, top of the top ! Un air inoubliable empreint de sens, aucune hésitation jamais sur ce qu’il dit, sur ceux qu’il représente. Et le plan sur lequel il se joue : Darth Vader à l’observation, de dos sur le pont, dans un plan large tout au bout de la passerelle de commandement : une puissance rarement égalée au cinéma.
Même le scénario est plus complexe qu’à l’habitude. Loin de la linéarité de l’épisode précédent, loin des digressions du suivant, tout a sa place. Tout le monde part de son côté pour diverses intrigues qui finissent par se rejoindre du plus loin de la galaxie. Une maîtrise impeccable du récit. Et du sens : où l’on nous confirme qu’être calmement et sereinement à l’écoute de son environnement plutôt que de soi-même, de ses angoisses et de ses peurs, est la voie de l’accomplissement. Où l’on utilise les symboles : dans l’obscure épreuve que Yoda lui fait traverser, Luke décapite un Vader qui porte son propre visage derrière le masque, et nous confirme ainsi, même s’il ne le comprend pas, qu’il a vaincu son propre côté obscur.
Un must.
Irvin Kershner accomplit une véritable œuvre de cinéma derrière la commande de divertissement de George Lucas.
The Empire Strikes Back, s’il ne fallait en garder qu’un seul, ce serait celui-ci, sans hésitation. Le point culminant de la saga, celui où tout nous est dit.
Le ciment de l’œuvre.
Matthieu Marsan-Bacheré