L'empire des sens, gazole du cinéma Japonais
J’ai très longtemps hésité avant de me décider à écrire quelques paragraphes à propos de ce film, mais à la mort de son réalisateur, Nagisa Oshima, il y a maintenant quelques semaines, je me suis aperçu que peu de personnes de ma génération (1990’s) avaient vu ce film. Alors je m’autoproclame missionnaire pour cet article.
« L’empire des sens », comme indiqué ci-dessus, a été réalisé par Nagisa Oshima, réalisateur japonais décédé le 15 janvier 2013, qui passa sa carrière à réaliser quelques 50 courts métrages, films et téléfilms. En 1976, il réalisa ce film traitant d’une ancienne prostituée devenue domestique qui s’amourache de son patron, marié, avec qui elle va connaître une extraordinaire escalade de l’érotisme. Oui, il faut le dire, c’est un film érotique, mais l’érotisme n’est pas porno. Le talent du réalisateur nous fait ici oublier les clichés sur les films érotiques sensés occuper les mains de certaines personnes passé 22h sur la TNT.
Le talent n’est pas présent que chez Oshima, les acteurs y sont époustouflants. A l’image de l’actrice Eiko Matsuda qui, il faut le souligner, joua les scènes sexuelles sans simulation. Mais aussi de Tatsuya Fuji, le patron de l’ancienne prostituée, qui endosse son rôle avec brio. Le jeu est juste et les personnages sont très bien incarnés. Même lors des scènes qui ont fait que ce film ait défrayé la chronique au Japon (notamment une scène de fellation en gros plan ou encore une « cérémonie » de voyage de noce assez osée), les acteurs ne surjouent pas.
Le scénario lui, est très bien écrit et sonne juste. Il en ressort une dimension psychologique et poétique très appréciable qui fait progresser l’histoire sans que le film parte en gonzo débile. L’intérêt du spectateur demeure jusqu’à la fin du long-métrage, où l’on assiste à une fin, dure à regarder certes, mais grandiose, qui clôt ce film avec une classe difficile à retrouver de nos jours dans le cinéma actuel. Ajoutez à cela des décors très détaillés et travaillés vraiment convaincants qui nous plongent à 200% dans le Japon traditionnel des années 1930.
Bref, ce film est un chef d’œuvre, une claque, une grosse claque même. Un film d’une poésie envoutante et d’une justesse remarquable. Je ne peux être qu’obligé de vous dire de le voir, ou de le revoir. Une seule recommandation : regardez la version japonaise sous-titrée, la version française est un calvaire. Je vous conseille aussi d’autre films du même réalisateur comme : « Nuit et brouillard au Japon » (1960), « Le retour des trois soûlards » (1968) et « Tabou » (1999) ; tous trois de grands films originaires de ce monstre sacré du cinéma.
Alexis Depagne