Il posto est la preuve que lorsque les acteurs sont dans la vérité toute histoire devient intéressante à suivre. Nous ne sommes pourtant pas en présence de Marcello Mastroianni et Sophia Loren et le film n’est pas signé Federico Fellini. Il s’agit des premiers pas d’Ermanno Olmi et les deux principaux interprètes ne feront que passer sur les écrans n’ayant pas poursuivi le métier par la suite. Sandro Panseri ne semble pas se rendre compte qu’il tourne dans un film, c’est ce qui le rend si génial. Sa partenaire Loredana Detto et tout le reste de la distribution, incluant les figurants, non plus d’ailleurs. Ils font fi de la caméra. C’est ce qui donne la touche d’authenticité si particulière à l’œuvre. Le scénario se résume en deux lignes : un jeune garçon se présente à un concours de recrutement dans une compagnie. Il est embauché et on comprend qu’il risque de passer le restant de sa vie derrière un bureau. Il fait la rencontre d’une jolie fille qui lui plaît mais que sa gêne empêche de courtiser plus clairement. Rien de palpitant, pourtant on accompagne le garçon avec intérêt jusqu’au noir final. La société le force à prendre sa vie en main et il doit se mettre en action sans savoir ce dont il a vraiment envie. Il se retrouve dans un milieu où tout lui est étranger. Il se laisse porter par le courant avec timidité vers un destin potentiellement aliénant. La caméra se promène entre son regard incertain et son entourage qui semble enfermé dans un quotidien insignifiant. Un personnage attachant qu’on a envie de sauver de la dérive bureaucratique.