L'adage « jamais deux sans trois » n'est pas toujours vrai. La Revanche de Frankenstein n'ayant pas reçu le succès escompté, c'est seulement 6 ans plus tard que la franchise est réactivée. Cette fois, la Universal, distribuant le film, autorise la Hammer à reprendre des éléments de ses productions de l'âge d'or. Désormais, le studio britannique peut utiliser le masque de Karloff, à l'inverse de Frankenstein s'est échappé, où il avait fallu trouver un maquillage très différent pour Christopher Lee. Le film s'ouvre sur le baron en fuite devant retourner à son château. Il découvre alors sa créature ayant survécu à la vindicte publique, et cherche à la réanimer. Ce troisième épisode de la série a donc absolument aucun rapport avec les deux premiers, et c'est bien le problème.
Peter Cushing tient toujours le rôle du savant fou. Mais, c'est différent que d'habitude. On sent le personnage fatigué de devoir fuir et d'être incompris. Beaucoup plus fébrile qu'auparavant, il est souvent soumis à des accès de violence, qui étaient rares chez cet être froid. Ce n'est pas inintéressant comme interprétation, néanmoins deux choses sont regrettables. Le côté machiavélique de l'anti-héros a totalement disparu, et il se met aussi à faire des cascades. On est donc bien loin du scientifique malfaisant et aristocrate, qui était la première qualité des Frankenstein de la Hammer.
Il est entouré ensuite de personnages fort peu passionnants. Néanmoins, un seul présente un intérêt, et c'est Zoltan. Inspiré du rôle de Bela Lugosi dans le Fils de Frankenstein, avec son utilisation de la créature pour se venger, il est l'antithèse du baron. L'un est un scientifique, l'autre un hypnotiseur de spectacle, l'un est maniéré, l'autre un rustre, l'un veut se servir de la créature pour faire avancer la science, et l'autre pour assouvir ses intérêts personnels.
Mais, le soucis de ce film c'est aussi, et surtout, le monstre. Alors, si sa naissance est une intéressante reconstitution couleur de l'oeuvre de 1931, le masque de la créature inspiré de celui de l'âge d'or est tout simplement atroce. Un ratage complet fait de carton-pâte, dont on nous épargne pas les gros plans montrant le manque total de finition. Un maquillage ridicule pour une interprétation n'exprimant rien, pas aidée par un scénario qui s'intéresse au final peu à la créature, en n'exploitant pas plus par exemple l'histoire d'amour avec la mendiante.
Ainsi, L'Empreinte de Frankenstein est un très mauvais film. Il y a certes les couleurs bien voyantes ou les décors gothiques, mais on ne retrouve pas l'ambiguïté et la violence des premiers volets. On a donc une oeuvre de la Hammer sans ses qualités, et qui restitue souvent très mal celles de la Universal avec cette créature risible. A voir que si vous êtes un grand amateur de Frankenstein (les nombreuses références à l'âge d'or), de nanars (les effets spéciaux catastrophiques et Peter Cushing masqué), ou bien les deux.