Entité perverse
Ah! Allez, un petit plaisir coupable ce soir : un bon petit film d'horreur venu tout droit du début des 80's. Le titre: The Entity. Les acteurs: je connais pas. Le réalisateur : vaguement entendu...
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le 25 sept. 2012
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The Entity, film d'épouvante-horreur aux accents psychologiques d'un réalisateur prolifique de séries B -qui ne sera jamais rentré dans l'histoire, et dont le nom ne devrait d'ailleurs rien vous dire- est un objet cinématographique difficile à définir.
La sexualité, un des thèmes principaux, y est abordée crûment et l'historique à ce titre chargée de la protagoniste nous est présenté sans fard et sans ambages au fil de ses rencontres avec des psychiatres, rencontres qui s'imposent à partir du moment où elle prétend expérimenter des relations sexuelles avec des esprits, ou "spectrophilie".
Le dialogue avec les psychiatres qui s'installe est au départ plutôt intriguant, et aurait pu devenir une piste de narration très intéressante, mais cette voie est vite délaissée pour nous plonger pleinement dans le paranormal. Beaucoup de drama et d'événements redondants plus tard (les "manifestations" se multiplient sans rien apporter de réellement nouveau), le film fini par aboutir à une résolution classique pour le genre, marquée par le scepticisme et la mauvaise foi caractérisée des scientifiques psychologues qui observent finalement de leurs yeux les évènements auxquels ils avaient jusque-là refusé de croire.
Bref, grossier et ronflant, mais plutôt drôle si pris comme une série B, jusqu'à ce qu'apparaisse le générique de fin et la mention "basée sur des faits réels" suivie de précisions censées nous convaincre de la véracité des événements vus à l'écran.
Et là c'est tout de suite beaucoup moins drôle. Alors évidemment, une recherche google rapide nous démontre -si besoin était- que les événements présentés sont complètement fictifs. "L'affaire" en question, celle d'une dénommée Doris Bither, ayant eu lieu dans les années 70, n'a jamais été étayée par quelconque preuves, qu'elles soient médico-légales (personne n'a pu observer de traces d'agression sur le corps de cette jeune femme) ou même photographiques, puisqu'en dépit de quelques événements extraordinaires prétendument observés par ces "parapsychologues", avec une apparition surnaturelle visible, aucune photographie convaincante ou enregistrement quelconque ne permettra d'en attester.
Et il est tout de suite terriblement triste d'imaginer que cette jeune femme, dont on sait qu'elle était alcoolique et abusait de psychotropes (fait évidemment passé sous silence dans le film), et a priori probablement schizophrène ou tout du moins histrionique, n'ait jamais pu obtenir une réelle assistance médicale jusqu'à sa mort.
En dehors de ça, le script du film et son orientation prennent un tout autre sens quand on comprend que les événements narrés à l'université et impliquant l'équipe psychiatrique, évidemment complètement fantaisistes, sont censés nous convaincre de la véracité de l'affaire et portent un jugement assez dangereux sur l'intégrité des pratiques épistémologiques des sciences orthodoxes.
Bref, un film dangereux et racoleur, à présenter avec beaucoup de pincettes, surtout à une jeune audience.
Créée
le 14 mars 2019
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