Premier long métrage de Tarkovski, L'Enfance d'Ivan est l’un de ses chefs- d’œuvre. Ivan a 12 ans, un physique d’ange blond, une âme d’acier, et un cœur d’enfant toujours vivant se réveillant dans son sommeil.
Cet enfant devenu éclaireur de l’armée soviétique redevient un enfant quand il dort, retrouvant le visage de sa mère tuée sous ses yeux, belle et vivante, retrouvant ses camarades de jeux, les parties de cache cache, les jeux en bord de mer.
Quand il s’éveille il retrouve la réalité : les sous-sols humides où les soldats se terrent en attendant les ordres de mission, la nature ravagée par les armes de guerre, le bruit des balles, des canons, la saleté, la faim.
Cet enfant au corps frêle, parle aux adultes comme à des égaux, rien ne l’impressionne et certainement pas les ordres qu’ils peuvent lui donner pour le mettre à l’abri : « je suis mon propre maître ». Ils le regardent avec respect, admiration et tristesse face à cette enfance perdue.
Tarkovski nous livre un film de guerre centré sur les personnages, dans une photographie noire et blanc sublime. Images réalistes et oniriques, se partagent ce film à la fois dur et poétique. Un film dans lequel la lumière est omniprésente tentant de se frayer un chemin à travers une porte entrebâillée, irradiant une croix se dressant dans le ciel. Un film qui se termine comme il a commencé, sur des images de bonheur et d’insouciance. Bonheur perdu, bonheur retrouvé et toute une vie à traverser entre les deux…