L'Enfance d'Ivan, raconte l’histoire d'un jeune garçon de 12 ans, qui vit la Seconde Guerre mondiale à travers une expérience brutale et traumatique. Ce souvenir est encore récent à la sortie du film, puisque la guerre n’a pris fin que 17 ans plus tôt.
Il s'agît d'une adaptation de la nouvelle de Vladimir Bogomolov, ce qui fait qu’Andreï Tarkovski réalise ici un long-métrage dont il n’a écrit ni les dialogues ni le scénario. Il s’agit précisément de son œuvre la plus ancrée dans une tradition classique du film de guerre.
Le récit suit Ivan, un orphelin qui a perdu ses parents lors de l'invasion allemande en Union soviétique. Il vit dans un camp de soldats et sert comme éclaireur pour l'armée soviétique. L’enfant, malgré son jeune âge, est devenu un membre important de l’équipe militaire. Il est hanté par la guerre, et sa jeunesse innocente se heurte à la violence et aux horreurs du conflit.
C’est précisément la perte de cette innocence qui est traitée à travers le film. Il s’agit d’un sujet générationnel pour le réalisateur de 30 ans. Ce dernier, avec sa caméra poétique et ses longs plans-séquences, dépeint le monde intérieur d'Ivan de manière très introspective, accentuant le contraste entre son enfance volée et la brutalité de la guerre : destruction de l’environnement, danger permanent, remise en question des icônes religieuses.
Le film de Tarkovski interroge donc l’être humain sur plusieurs fronts métaphysiques : la nature de l'innocence, le passage du temps, la mort et la quête de sens dans un monde dévasté par la guerre. En suivant Ivan dans ses expériences traumatiques, L'Enfance d'Ivan ne se contente pas de montrer la brutalité de la guerre, mais questionne aussi le sens profond de l'existence humaine, notamment face à la violence et à l'incompréhensible cruauté de la réalité.