Pas facile de se remettre de ce film inclassable que je savais culte pour certains, et que quelques-uns m'avaient parfois conseillé ici.
C'est un peu comme si l'univers fantasmagorique de Lynch rencontrait la beauté picturale des "Moissons du ciel" de Malick, on ne sait jamais ce qui tient de la réalité ou du rêve, si ces freaks qui hantent le monde de Seth existent, ce qui ne fait que renforcer la force de ce récit qui mélange un nombre de thèmes hallucinants : la vieillesse croise la maltraitance, un ange sans aile ou Hiroshima, parfois en une ligne de dialogue quelque chose est dit sans qu'on n'y revienne, mais loin de glisser sur vous une réplique, une photo pourront hanter le spectateur autant que l'enfant qui à travers ses yeux ronds se retrouve miroir de la folie des adultes.
Il n'aura d'autre échappatoire que de courir, pour échapper à cette voiture noire, au feu de son père, à la névrose de sa mère, aux vampires, à son imaginaire qui ne peut être totalement fiction.
Le plus fou dans ce film est que la splendeur esthétique de chaque plan, de ces champs, de ces herbes inondées de soleil, de ces tableaux à la Edward Hopper, devient aussi effrayante que les visions d'horreur.