Après l'accueil mitigé qu'a reçu La Sirène du Mississippi, Truffaut décide de revenir à une valeur sûre de son cinéma : l'enfance. Thématique déjà abordée dans Les Quatre cents coups et plus tard, en 1976, dans L'Argent de poche, le réalisateur français en a fait son second sujet de prédilection, après les relations hommes-femmes évidemment. Ici, il se penche sur ce thème sans aborder les rapports, parfois difficiles et violents, avec les parents mais plutôt en traitant de l'éducation d'une façon assez originale.


Reprenant, très librement, un fait-divers contemporain à la Révolution française, Truffaut nous livre le récit d'un enfant retrouvé à l'état sauvage dans l'Aveyron que l'on entraîne à Paris afin de l'étudier en tant qu'objet de curiosité scientifique tout autant que populaire, puisqu'on tentera de la traiter en bête de foire. Après examen, celui-ci est jugé sourd, muet et parfaitement inapte à recevoir toute éducation. Pourtant, un des scientifiques, le Docteur Itard (François Truffaut), décide malgré tout de le prendre à sa charge pour déterminer les capacités d'apprentissage de cet enfant. À force d'efforts, le désormais nommé Victor parvient à progresser mais sans fulgurance et au prix de nombreuses crises de nerfs qui conduisent le professeur à douter de ses méthodes.


Ainsi, avec le retour au noir et blanc, Truffaut signe une œuvre qui trouvera un auguste reflet dix ans plus tard, en 1980, dans le bouleversant Elephant Man de David Lynch, lui aussi sans couleurs. Mais la différence avec les autres films sur l'enfance du réalisateur réside dans son point de vue, ici celui de l'adulte, de l'éducateur, de Truffaut lui-même in fine. On ne se place plus au niveau d'Antoine Doinel, alter-ego du metteur en scène dans Les Quatre cents coups, mais de celui qui veut éduquer l'enfant, quitte à la pousser à bout. En ce sens, L'Enfant sauvage est non seulement une œuvre originale dans la filmographie de son réalisateur mais également dans le paysage cinématographique général tant son sujet principal - l'éducation d'un enfant sauvage - est traité de façon rigoureuse et presque documentaire (quoique vraisemblablement assez éloignée de la vérité historique...).


Mon cycle François Truffaut :
https://www.senscritique.com/liste/Cycle_Francois_TRUFFAUT/1753098

Créée

le 13 juil. 2017

Critique lue 655 fois

6 j'aime

8 commentaires

MonsieurBain

Écrit par

Critique lue 655 fois

6
8

D'autres avis sur L'Enfant sauvage

L'Enfant sauvage
B-Lyndon
8

Critique de L'Enfant sauvage par B-Lyndon

Dans les premiers instants du film, j'ai vite craint un exposé scientifique récité et très didactique. Mais doucement, à travers des petits gestes, des mouvements, des détails, j'ai vu le film se...

le 15 févr. 2014

16 j'aime

1

L'Enfant sauvage
SBoisse
8

L’enfant perdu et le bon docteur

Des Quatre cents coups à L’Argent de poche, François Truffaut s’est passionné pour l’enfance perdue ou rebelle. S’inspirant d’une histoire réelle, il livre en 1970 un film en noir et blanc d’une rare...

le 26 janv. 2016

15 j'aime

L'Enfant sauvage
Froguette
4

Critique de L'Enfant sauvage par Froguette

Souvenir ému de nos non-cours de philosophie en Terminale, où notre éloquente professeure ne pouvant plus gérer notre classe décidait alors de nous endormir à coup de films terriblement longs et...

le 26 janv. 2011

13 j'aime

1

Du même critique

Julieta
MonsieurBain
9

D'un amour impossible

Cette soixante-neuvième édition du fameux festival de Cannes nous a largement, et peut-être même immodérément, vendu Julieta comme étant ce qu'on pourrait considérer comme non moins que le grand...

le 18 mai 2016

50 j'aime

14

Pulp Fiction
MonsieurBain
9

Des ambulations sanglantes

N'est-ce-pas un grave exercice dans l'univers de la critique que de s'atteler à une telle œuvre que Pulp Fiction ? Oui, certainement... Pour autant, il n'en est pas moins aisé puisque dès les...

le 3 oct. 2015

38 j'aime

16

Eyes Wide Shut
MonsieurBain
9

Fuck the Illuminati !

En regardant pour la première fois Eyes Wide Shut, j'avais ressenti cette profonde sensation de trouble que beaucoup d'autres semblent avoir devant l’œuvre de Kubrick en général. À vrai dire, si...

le 17 août 2016

37 j'aime

17