Film estampillé premier long-métrage de l'histoire du cinéma italien, L'Inferno est un sujet d'étude passionnant. Il est symptomatique de la transition qui s'opère lentement entre le tableau et le plan en tant qu'unités de prise de vue. Si le film tente en effet d'instaurer une continuité et un mouvement narratifs par la succession de ses scènes, celles-ci restent néanmoins prisonnières d'un dispositif avant tout théâtral : point de vue frontal, acteurs qui adoptent des poses figées, primauté à la mise en valeur des décors... Il en résulte une absence de rythme et de dynamique qui pourront ennuyer les plus impatients, cependant compensée par de précoces expérimentations sur la surimpression - donnant lieu aux trop rares saillies strictement fantaisistes du métrage - qui seront perfectionnées par les cinéastes français impressionnistes. Un cas d'école donc, devant lequel l'admiration théorique supplantera forcément l'investissement émotionnel.